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La saison culturelle d’Assila orpheline de son initiateur

À l’intérieur des remparts de la vieille ville, dans les ruelles étroites, un jeune homme au menton fin est assis au milieu de dizaines de tableaux maniant son pinceau avec une grande dextérité, les mains encore tachées de différentes couleurs, apparemment fier de toutes ces peintures.

En entendant un journaliste prononcer au sein de laquelle figurait le nom de « Mohammed ben Issa », le jeune homme pose son pinceau et s’approche calmement de lui en révélant que ce qu’il essayait de dire, lui l’avait dessiné dans un tableau spécial… ».

Le jeune Hamza Al-Wardi se met spontanément à parler de Ben Issa, son sourire étouffé par l’émotion qui lui serre la gorge, ajoutant que cet homme qui a été son idole et son inspiration, a réussi à se lancer vers un rêve lointain dans des conditions difficiles, laissant derrière lui, après sa disparition, ce grand héritage que l’on voit dans tous les coins et recoins de cette petite ville ».

Al-Wardi ajoute dans une déclaration à « Sahara Media » qu’il était lié depuis son enfance à Mohamed Ben Issa, qui était son voisin, et décrit leur relation en ces termes : « c’était un homme d’une grande moralité, qui marchait tranquillement et saluait tout le monde, petits et grands, et que l’on voyait nettoyer les rues de ses propres mains ce qui vaut aujourd’hui à cette cité sa propreté que l’on découvre aujourd’hui.

L’homme qui a marqué de son vivant bien des générations restera éternellement présent dans l’esprit de tous, que Dieu ait son âme. »

Hommage à l’ouverture

D’une ruelle étroite à l’espace de la bibliothèque Prince Bandar bin Sultan ; les rues, les routes et les marchés attendent une nouvelle saison sans la présence de son fondateur, Mohammed bin Issa, pour la première fois.

 

Ce vendredi a marqué le début de la quarante-sixième saison, avec un hommage à son défunt parrain, Mohammed ben Issa. Des personnalités officielles, culturelles, intellectuelles et diplomatiques du Maroc et d’ailleurs sont venues rendre hommage à leur défunt et affirmer que « le chemin se poursuit. »

Au milieu des sentiments partagés des amis et des membres de la famille du défunt, un tableau commémoratif dédié à Ibn Issa a été dévoilé, donnant son nom à un espace réservé à la culture et aux arts « en hommage à ses efforts humanitaires et culturels ».

La première journée de la saison a été consacrée à l’organisation d’un colloque intitulé « Mohamed Ben Issa… homme d’État et icône de la culture » dans le cadre de la « tente de la créativité » rendant hommage à l’esprit et à la vie du fondateur du forum, le défunt ministre Mohamed Ben Issa.

Témoignages de proches

La voix étranglée par les larmes, le journaliste et écrivain Abdelwahab Badr Khan déclare : « Je suis très triste que Mohamed Ben Issa ne soit plus parmi nous ; cela fait quarante-six ans que je le connais, nous aurions aimé qu’il soit avec nous… Je n’aurais jamais imaginé qu’il ne serait pas présent à un tel événement ».

Badr Khan ajoute dans une déclaration à « Sahara Media » que Ben Issa a « toujours œuvré pour sa ville, son pays et pour la culture arabe, africaine et mondiale.

Dans le même esprit, l’écrivain irakien Rachid Al-Khayoun raconte sa relation profonde avec Mohammed Ben Issa, rendant hommage au défunt et le décrivant comme « quelqu’un qui a subordonné la politique à la culture et qui, depuis son poste de maire élu de la ville d’Assilah, a créé, au-delà du  forum, une ville toute entière ».

Al-Khayoun a souligné qu’Assilah est une ville ancienne « mentionnée dans les livres des géographes, mais qu’elle est devenue une ville mondiale grâce aux efforts de Ben Issa et au forum, et c’est pourquoi il nous manque aujourd’hui en cette occasion ».

Al-Khayoun a souligné que malgré « l’impact considérable » du départ de Ben Issa, « cela ne signifie pas pour autant la fin de la saison, car mon ami Hatem Al-Batiwi, qui a pris la direction du forum, a été élevé dès son plus jeune âge selon les valeurs de Mohamed Ben Issa, dont il était le confident, et c’est ce qui permet à la saison de se poursuivre ».

L’écrivain marocain Ahmed El Madini a déclaré que tous les participants, écrivains, intellectuels, littéraires et penseurs, étaient venus « rendre hommage au fondateur du forum et exprimer leur reconnaissance envers celui qui a fait d’Assilah et du Maroc une destination culturelle ».

Al-Madini a ajouté que Ben Issa était un ami de la Mauritanie et qu’il y occupait « une place importante, étant toujours présent aux réunions, aux débats et aux colloques » concluant qu’ils étaient « très émus, car c’est la première fois que le forum se tient en l’absence de son fondateur… Que Dieu ait son âme ».

Le Forum d’Assilah qui a été fondé en 1978 est une organisation non gouvernementale qui, conformément à sa déclaration fondatrice, œuvre à la promotion du dialogue entre les cultures et les civilisations en réunissant des personnalités politiques et universitaires du monde entier.

 

 

 

 

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