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Le communiqué de la présidence répond aux soutiens et ignore les opposants

Le président mauritanien Mohamed O. Abdel Aziz a mis fin à la controverse à propos de l’amendement de la constitution et la question du troisième mandat quand il avait déclaré, dans un communiqué publié mardi qu’il respectera la constitution et qu’il n’acceptera pas que les articles verrouillés soient touchés.

Ce communiqué avait été publié par la présidence de la république alors que le président O. Abdel Aziz se trouvait à l’étranger, dans le cadre d’une tournée dans des pays arabes qui l’a déjà conduit aux Emirats d’où il se rendra en Syrie et au Liban.

Seulement ce communiqué, largement suivi par les mauritaniens avec un grand intérêt, appelle à un certain nombre d’observations, qui peuvent être résumées en quelques lignes.

Premier point : le communiqué n’est pas écrit par le président lui-même mais par la présidence de la république qui y cite des propos du chef de l’état qui nous avait habitué, tout au long de son pouvoir, de s’exprimer lui-même à propos de sa personne sans en laissé le soin à une personne ou une institution.

Une crainte ou une réserve vis-à-vis des médias depuis ses premières années au pouvoir.

Aussi n’est-il pas exclu que le chef de l’état tienne une conférence de presse à son retour pour expliquer le sens du communiqué et ressouder les rangs de majorité fissurée par la crise née de l’initiative pour la modification de la constitution venue s’ajouter à des dissensions antérieures.

Deuxième point : pour la première fois depuis la controverse autour de la question du troisième mandat il y a quelques années, le président O. Abdel Aziz répond explicitement à ceux qui demandent ce 3ème mandat, alors que ses déclarations antérieures étaient des réponses adressées à la presse ou l’opposition, ou encore des messages adressés à l’étranger, alors qu’il répond cette fois à sa majorité, ses soutiens.

Cette déclaration ne laisse planer désormais aucun doute sur les intentions du président.

Troisième point : le président O. Abdel Aziz a longtemps défendu le point de vue de ceux qui réclamaient un troisième mandat et demandait à ce qu’on respecte leur opinion, comme on doit respecter celle des autres citoyens.

Tel était son message ces dernières années mais les déclarations parues dans le communiqué de la présidence n’évoquent pas la liberté d’opinion de ceux qui sollicitent un troisième mandat mais leur demande plutôt de mettre fin à cette requête.

Quatrième point : les propos du président contenus dans le communiqué de la présidence étaient adressés à la majorité présidentielle, ignorant les voix qui s’étaient élevées contre cette initiative au sein de cette majorité.

Des voix qui réaffirmaient leur attachement au choix du président de la république, un discours identique au contenu du communiqué de la présidence, une approche qui n’a pas milité, apparemment, en sa faveur.

Cinquième point : le dernier paragraphe du communiqué de la présidence relève l’une des plus importantes erreurs commise par les auteurs de l’initiative de la réforme constitutionnelle.

Il s’agit du contexte dans lequel elle a été lancée.

Elle est intervenue quelques jours seulement après la marche pour la lutte contre la haine au cours de laquelle le président O. Abdel Aziz a appelé à une grande campagne pour lutter contre le discours haineux, l’exclusion et l’extrémisme.

L’initiative est venue porter un coup à cette campagne avant même de commencer, et la lutte contre la haine s’est retrouvée bien à l’arrière des préoccupations des mauritaniens alors occupés à discuter des modifications constitutionnelles.

 

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