Opinion

le Rouge et le VertTue, 01 Aug 2017 17:41:28 +0200

Le rouge et le vert

Que veut dire dans la bouche de la Communauté internationale « restituer l’ordre constitutionnel ? » Laisser des putschistes s’installer confortablement dans leurs forfaits et bénir leur choix d’organiser des élections dans « deux ou six mois » selon leur propre agenda, ou rétablir l’ordre constitutionnel antérieur ? Et comment le rétablir ? Par les mots ? La force ? Le dialogue ? Voilà comment finissent par passer comme lettre à la poste, les coups d’Etat les plus inacceptables ! Avec le temps, il est arrivé qu’on ait oublié ces Chefs d’Etat arrivés au pouvoir en treillis et bottes et que l’on ne reconnaissait plus dans leurs nouveaux costumes taillés chez Yves Saint-Laurent. Ils sont passés sans bruit pour des civilisés parmi les civilisés. Et la page est tournée. Sans compter ceux qui, se prenant pour plus intelligents, organisent la fiction d’une démocratie sans tache,appelée mignonnement référendum national. Et les autres qui, voulant malicieusement justifier leur bonne foi, « tirent sur la plante pour qu’elle pousse plus vite ».

Tu ne peux jouir de l’ombrage d’un arbre dont la taille est inferieure à la tienne »  selon une sagesse africaine. Notre belle République sœur de Mauritanie, il y a bientôt deux ans venait de rendre à l’Afrique un bien triste service : celui de lui rappeler que l’ère des colonels et des généraux en Afrique est un printemps bien têtu ! Je mets à dessein « colonels et généraux » en minuscules. La majuscule serait de trop, en plus qu’elle serait injuste et inappropriée pour des gradés ivres de leurs seules ambitions. Ils sont les meubles dorés du pouvoir. On ne les déplace pas. À défaut, ce sont eux qui choisissent leur place. La démocratie a bien mal ! Elle n’aura pas fini de sitôt son chemin de croix face à la subtilité des tyrannies. Et ce n’est pas surtout en Afrique seulement où cela se passe, hélas. Un dernier cas vient d’illustrer les faits : le coup d’Etat militaire en Mauritanie le 06 juin 2008 mettant en brusque arrêt le commencement d’une apprentie démocratie. Dommage pour cette symphonie inachevée en Mauritanie ! Rien, vraiment rien ne saurait justifier un tel coup d’Etat encore que les coups d’Etat n’ont cure de se justifier, car ce qui les motive ne trouve sa seule et totale réponse que dans la logique close de celui ou de ceux qui les exécutent. Les voix du peuple et de la communauté internationale comptent toujours bien après. Elles vaudront ce que vaudra le poids des réactions et des soulèvements concrets. La communauté internationale, comme dirait l’autre, n’a souvent que la grande gueule. Elle hurle certes, mais elle hurle dans un grand rien du tout ! Elle aussi, pourquoi se leurrer, à l’œil sur ses propres intérêts. Quant au peuple, c’est « une illusion de plus » comme le notait Benito Mussolini dans son ouvrage « Prélude à Machiavel ». Il ajoute : « Le peuple est une entité purement abstraite. On ne sait exactement ni où il commence ni où il finit. L’adjectif de souverain appliqué au peuple est une farce tragique. »

A la réflexion, il y a lieu de se poser des questions sur ce que peut devenir la Mauritanie dans une situation qui ne cesse de creuser le fossé entre ses composantes. Un état ne peut éternellement se permettre de créer la discorde entre les peuples dont il a la charge par simple volonté de se maintenir au pouvoir.
C’est vrai que le concept du « diviser pour régner » est aussi vieux que le monde, il arrive cependant des moments ou on doit se dire que cela cause plus de mal que de bien. Faut-il nécessairement diviser des populations qui ont vécu en symbiose, en parfaite harmonie des siècles durant, dans le seul but de conserver un pouvoir temporel ?
Et nous peuples, allons-nous continuellement nous laisser abuser par ces marchands de malheur qui ont toujours profité et abusé de notre bonne foi pour nous dresser les uns contre les autres ?
Allons-nous rester ces éternels enfants naïfs et insouciants toujours a la traine de ces dirigeants inconscients et insoucieux de notre bien être mais a cheval sur leurs ambitions personnelles et sournoises ? De Moctar ould Daddah hier a Abdel Aziz aujourd’hui, le principe est toujours le même seule la méthode diffère.
Nous avons  connu des temps pas si aussi lointains ou, quelle que soit l’ethnie d’origine, on est toujours bien reçu sous la tente par des gens qui ne vous connaissent pas, simplement mus par l’instinct d’hospitalité ancestrale chère à tous les peuples de ce pays. Ces gens la, ne voyaient pas en vous le (noir)  venu d’ailleurs ou le ou le , (maure blanc)  venu dont on se sait où, mais tout simplement un étranger qui a besoin d’être dignement accueilli et bien traité.
Où est donc partie cette Mauritanie que nous avons connue et aimée dans nos cœurs ? Où sont donc ces maures qui abattaient un mouton, une brebis, une chèvre dès qu’un véhicule s’arrêtait à proximité de leur tente, et ce, de jour comme de nuit, sans même savoir qui était la personne à bord de ce véhicule ? Où est donc passé ce Soninké ou ce Halpular, ce Wolof qui donnait à boire et à manger au vendeur ambulant de thé avec sa besace sur le dos qui s’arrêtait devant la case ou le hangar public du village ?
A-t-on perdu à jamais cette Mauritanie terre d’accueil, d’hospitalité et de sagesse, terre de croyance et de tolérance ? Que s’est-il passe entre 1965 et 2010, pour qu’un peuple qui s’aimait et se respectait tant, bascule dans la haine et le mépris de l’autre ? Doit-on continuer à raisonner avec le cœur et ignorer cette importante partie de notre histoire enfouie quelque part dans nos têtes ?
Ne dit-on pas que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ? Alors, quand le cœur déraisonne, l’esprit doit réagir et bannir les réactions néfastes de nos comportements. Tellement de choses ont été dites ces derniers temps sur l’arabisation du système administratif mauritanien qu’il devient un devoir pour chacun d’entre nous d’apporter sa contribution sur les voies et moyens susceptibles de calmer les esprits.
Car comme on dit si bien, on peut connaître le début d’un problème mais on ne sait jamais ce qu’il peut entraîner ni connaître sa fin. L’arabisation du système administratif n’est pas, comme le croient certains noirs, une marginalisation uniquement dirigée contre la population noire bien que les instigateurs l’utilisent à cette fin.
Les noirs ne sont pas les seuls à avoir fréquenté les écoles occidentales en général et françaises en particulier. Des étudiants de toutes les ethnies se trouvent en ce moment aux USA, en France, en Allemagne, en Espagne  etc.…, et dans certains pays bien qu’étant de culture arabe et qui dispensent des cours en français, comme en Tunisie, au Maroc, sans compter ceux qui ont étudié dans nos propres universités, ou des cadres qui exercent leurs professions en utilisant une langue autre que l’arabe.
Pauvre de nous !
L’Union Africaine, dit-on, doit jouer le premier rôle. Autant je salue les pas de géant accomplis par notre organisation continentale grâce principalement à l’audace, à la vision, à l’opiniâtreté de certains chefs d’Etat  et dans une moindre mesure de l’Afrique du Sud d’un Thabo Mbéki moins pressé, autant je condamne son manque de fermeté face à des agissements et des coups de force qui n’honorent pas notre continent. Le départ d’Alpha Oumar Konaré, personnalité forte, engagée et cultivée, semble inscrire l’UA dans une phase transitoire trouble où la tiédeur et la mollesse risquent de prendre le pas sur l’intransigeance des actions à engager et le courage du ton. Les condamnations ne servent à rien. Elles font même sourire. La Mauritanie , disait-on, était devenue un laboratoire démocratique prometteur et encourageant. De la même manière, sous Alpha O. Konaré qui agaçait certains Chefs d’Etat, l’UA était devenue une instance solide, vibrante, une tribune enflammée où les vérités étaient dites même si elles n’étaient pas toujours suivies d’effets rapides, comme le souhaitait son président.
Pour dire, que l’UA etait très attendue sur le coup de force en Mauritanie. Suspendre le pays des instances de l’Organisation ? Oui, mais cela ne saurait suffire, car il lui sera permis de réintégrer l’UA dès que ses généraux auront placé tranquillement « leur » pion de Président. Cela s’appelle encourager les forfaitures, nourrir l’impunité. Qui disait que « rien n’est plus fragile qu’un Etat reposant sur le consensus ? » Et dans tout cela on n’entend pas parler de la fameuse Union Maghrebine ! Etant ce qu’elle est devenue on met une croix et on passe . Il faut enfin saisir cette douloureuse opportunité que nous offre la Mauritanie pour agir autrement. Le dénouement du coup d’Etat aux Comores pourrait-il être le même en Mauritanie ? J’en doute. Les obstacles et les réalités géostratégiques ne sont pas les mêmes. Il est temps de trouver et de mettre en place des mécanismes qui ne puissent donner aucune chance à des putschistes de rester au pouvoir, de parler au nom de leur pauvre peuple et d’installer à leur convenance un Chef d’Etat qui ne serait rien d’autre que leur page. Aujourd’hui, nous sommes tous des mauritaniens et c’est pour cette raison que nous devons dénoncer sans détour ce qui vient de s’y passer. Il ne s’agit pas d’expliquer les causes du coup d’Etat, d’en tirer des erreurs et des fautes imputées à celui-ci ou à celui-là. Il faut agir et ne plus laisser passer la forfaiture. L’exigence de réalisme n’est pas de dire que c’est fait et que nous n’y pouvons rien. L’exigence de réalisme, c’est de pousser l’UA, l’ONU et toute la communauté internationale à refuser l’état de fait et de traduire concrètement en actes ce que l’on a cessé de dire depuis le coup d’Etat : rétablir l’ordre constitutionnel antérieur ! Il est temps que quelque chose nous soulève enfin au-dessus de nous-mêmes. Nous savons, bien sûr, combien il est difficile de « combler le fossé entre la politique et la morale », mais nous devons essayer.
Nous sommes nombreux « à faire semblant d’être ce qu’on n’est pas, à vouloir ce qu’on ne devrait pas vouloir ». À chacun de s’assumer devant son miroir. Dissertant sur la mécanique du pouvoir, l’écrivain et homme politique Edouard Balladur s’interroge : « Pourquoi souhaiter le pouvoir si sa conquête, son exercice requièrent des moyens que la morale réprouve ? Pourquoi baigner sa vie durant dans un univers où il est tant d’hommes avides, uniquement occupés d’eux-mêmes, prêts à toutes les compromissions ? » Alors, si l’armée n’est pas républicaine, si elle n’est pas garante de la nation, si ceux qui ont en charge de la conduire et de l’éduquer dans la noblesse et l’honneur rejoignent imprudemment le camp et le jeu des politiques, il est à parier que la démocratie, incarnée d’abord par la libre expression du peuple, sera toujours en péril. C’est la triste leçon que nous donne le coup d’Etat militaire en Mauritanie. Je repense ici à Senghor expliquant pourquoi le Sénégal était une spécificité qui échappait jusqu’ici en Afrique aux coups d’Etat : « Nous avons des officiers de haut rang, formés dans les plus grandes écoles militaires du monde. Des officiers instruits, cultivés, maniant même le Latin et le Grec à merveille. À ce niveau, on ne fait pas des coups d’Etat.
Ce sont les petits caporaux qui font des coups d’Etat. » Sédar ajoutait : « La violence est la fille de l’analphabétisme ». En effet, l’on nous dit que le coup d’Etat militaire en Mauritanie s’est effectué sans une goutte de sang, entendu sans violence. Hélas, la violence n’est pas manifeste que dans l’effusion du sang. La violence est aussi dans l’accomplissement du forfait, de la privation de liberté, de la rupture brutale du contrat avec le suffrage universel par la seule volonté d’un groupe d’individus. C’est pour cette raison que Sédar a quelque part raison. Pour ma part, je prie pour que mon pays, quoiqu’il advienne, quelle que soit la hauteur des marées, donne raison au poète, c’est-à-dire que nous gardions une armée vertueuse, nourrie d’une rude morale civique et républicaine. Le rang et l’estime que la République de Mauritanie occupait dans le cœur du monde au regard de ses performances démocratiques et de sa lutte pour les droits de l’homme ne méritait pas un tel gâchis. Ceux qui ont perpétré ce coup de force sont en en effet de redoutables analphabètes, des pillards des temps modernes. Oui, une fois de plus, l’éducation et la formation sont capitales pour un pays.
C’est pourquoi à la vérité, il n’y a pas de pays sous-développé, il n’y a que des hommes sous-développés. Les colonels et généraux putschistes mauritaniens en sont les modèles les plus accomplis, même si nous savons combien les causes, les raisons, les secrets, les ruses, les calculs, la duperie, les suspicions, les susceptibilités culturelles et tribales, les motivations, l’orgueil, l’ambition, les malaises et les complexes de toute nature, les incompatibilités d’humeur, les manipulations, combien autant d’indicateurs et de variables complexes combinés, peuvent conduire à l’acte irréparable. Toutefois, rien de tout cela ne devrait justifier une aussi terrible atteinte au respect de la démocratie et du suffrage universel. Laisser faire, c’est baisser les bras, démissionner, pisser allonger allègrement sur le dos. Laisser les putschistes organiser de nouvelles élections à leur guise, serait la pire des farces. On les voit d’ici venir nous dire, la main sur le cœur : « C’est fait, nous avons de nouveau rétabli la démocratie ». De qui se moque t-on ? Combien de fois faut-il à chaque fois rétablir la démocratie et la violer de plus belle ? Et d’ailleurs quelle démocratie ? Une démocratie numérotée, habillée, maquillée, sous tutelle et sous surveillance, est une insulte à notre conscience et une irresponsable bravade.
À ceux qui tentent de justifier ce coup d’Etat en clamant qu’il fallait « sauver le peuple » ou « que la restauration de l’Etat exigeait parfois l’insurrection contre l’autorité établie », nous répondons que l’argument est tendancieux et dangereux. En Mauritanie, il n’y avait pas de quoi sauver le peuple et le Président élu n’était ni un monstre ni un diable ni un démon. La force, la bêtise, l’orgueil, la vanité, l’égoïsme, l’esprit partisan, soupçonneux et présomptueux ont tout simplement prévalu. L’histoire retiendra vos noms, côté latrines et l’oubli vous recouvrira. Il est des héros qui grandissent dans la mémoire des peuples. Vous n’en êtes point et vous n’en serez point. D’une naissance royale, vous avez plutôt interrompu le fil. Vous avez assassiné la fille démocratie. Elle était pourtant si belle, quoique toujours fragile, inquiète d’elle-même, soumise selon sa nature et son destin à toutes les critiques, tous les risques, les imperfections et les faiblesses. La démocratie est forcément une femme polyandre, sinon elle ne servirait que la dictature et le bon vouloir d’un seul mari, d’un seul camp. N’est-ce pas cela justement, qui rendrait cette femme tant convoitée et tant rejetée à la fois, si difficile et si rebelle à être apprivoisée ? La démocratie a tous les atouts et tous les défauts d’une belle femme. Il faut prendre et vivre avec le tout, et pas séparément avec seulement ce qui nous plaît et nous convient. Sinon, Ce serait trop simple, trop facile, trop injuste.
Nous connaissons tous maintenant les maux de la Mauritanie  : ce sont les colonels et les généraux ! C’est une maladie que nous avions détectée, reconnue mais que nous n’avons pas soignée. Nous avons laissé croître la maladie et il est à craindre qu’elle ne devienne incurable. Les militaires ont bien joué des artifices de l’habileté. Pourtant, il nous faut refuser la fatalité et la résignation. La recherche à tout prix du consensus ne serait pas la bonne voie. Il ne faut pas différer le temps d’agir. Il nous faut rompre avec la prudence, ce qui ne veut pas dire rompre avec la raison. La vérité, c’est « qu’il ne faut pas renoncer à faire la guerre aux bourreaux de la démocratie-, préférant acheter la paix », une paix sommaire et fictive. La récidive n’est jamais loin. La preuve ! L’Union Africaine, l’Union Européenne, comme l’ONU doivent comprendre désormais que « notre époque exige des décisions audacieuses, inhabituelles et étranges ». Ensemble et résolues, il leur faut « créer les conditions d’un ordre stable » qui ne dépendrait plus du bon vouloir des tenants de la force. Cette nécessité presse et « dés que la nécessité presse, l’audace devient sagesse. » dit-on.
Le droit d’ingérence ne serait-il finalement injuste que pour ceux qui il anéantirait la victoire par l’épée, le pouvoir usurpé, les ambitions, la fortune entrevue, la gloire espérée ?
Chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite. Cet adage se vérifie parfaitement avec la société sénégalaise qui est  sérieusement malade. De la base au sommet, elle est minée par le désire aveugle de toujours gagner. Pour avoir le dessus, les politiques sont prêts à tout. Le chauffeur de transport en commun n’hésite presque jamais à commettre une infraction qui vire au pire parfois pour devancer un autre afin d’avoir le plus de clients. La femme au foyer est prête, parfois, à commettre l’irréparable pour avoir le dessus sur le mari contre sa coépouse ou même pour ne pas en avoir. Les sportifs qui doivent manifester leur force par le fair-play, sont devenus pour la plupart de mauvais perdants. Les supporters eux franchissent le Rubicon comme l’ont fait ceux qui sont supposés être à l’origine du drame de Demba Diop (stade national de Dakar ). Les hommes politiques sont accusés d’en arriver aux sacrifices humains pour obtenir le pouvoir. Une fois l’objectif atteint, ils sont capables de tripatouiller la Constitution pour y rester, les plus cruels iront jusqu’à commettre des crimes contre ceux qui veulent leur ôter le sucre de la bouche. Oui, car ils se sucrent démesurément sur le dos de pauvres citoyens qui se lèvent avant le soleil et se couche après l’astre lumineux pour constituer le contribuable. Celui qui changera cette Mauritanie devra être un As dans tous les sens. Car le mal, en plus d’être répandu sur toutes les couches de la société, est si profond que l’y extraire nécessitera d’énormes sacrifices individuels d’abord, puis collectifs.
La Mauritanie est déprimée, elle souffre en silence. Comme toute mère, notre terre mère subit l’ingratitude de ses fils. Elle a tout donné et n’a rien reçu. A quarante neuf ans, alors qu’elle est censée voler de ses propres ailes, elle ne dispose même pas d’une compagnie aérienne. Malgré toutes les richesses qu’elle offre à ses fils, elle ne décolle point. C’est pathétique!
Sur les trois millions sept cents milles habitants environ, trois millions souffrent de pauvreté, de maladie, d’analphabétisme et d’injustice. Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse à une vitesse vertigineuse. L’exode rural cède la place à l’exil.
Les rues pullulent de mendiants. L’hôpital national est un mouroir, alors que les frais d’évacuation sanitaire sur la Tunisie seulement couvriraient aisément la construction, l’équipement et l’entretien d’un hôpital qui n’aurait rien à envier à la fameuse clinique El Menar.
Le système scolaire est perverti, l’école publique est reléguée au second plan au profit de l’école privée. Le mois coûte le tiers des cours à comicile et ce, par matière; c’est une escroquerie planifiée par les  directeurs d’établissements privés et les professeurs.
Les pouvoirs publics dépensent des fortunes faramineuses pour les bourses des étudiants à l’étranger, pour en faire des diplômés chômeurs. Les ministres de l’éducation nationale respectifs, excepté l’actuel inscrivent leurs enfants à l’école française Théodore Monod, ironie du sort.
.La justice est un vain mot, c’est la raison du plus fort. Le système bancaire est une arnaque orchestrée, les taux d’intérêt dépassent l’entendement. On ne prête qu’aux riches, les banques se font et se défont au gré des commerçants.
La banque centrale a raté sa mission. Au bureau de celle-ci à Paris où près de cinq milles comptes sont domiciliés, seules la chef de bureau et sa secrétaire gèrent tant bien que mal la situation, d’autres employés  occultes sont pourtant très bien payés.
Les hommes politiques se servent des populations aux moments des élections et les ignorent jusqu’aux prochaines échéances avec des promesses vaines. Ils rappellent le scénario du chauffeur ensablé qui fait signe de la main, sans s’arrêter au groupe qui l’a aidé à s’en sortir.
L’administration est affectée par le clientélisme et l’accès de zèle. Retirer un acte de naissance relève du parcours du combattant, si l’on ne connaît pas la responsable de l’état civile, et encore… Le plus dur et le plus inquiétant est le sort des réfugiés négro africains toujours resté sur le bout des lèvres des tenants du pouvoir. Leurs biens,leur identité nationale ne leur sont toujours pas restitués. Février,avril passent et repassèrent et toujours encore sans jamais qu’une politique nationale salutaire et définitive vienne mettre fin à ce douloureux passé .
Aujourd’hui,la mauritanie arrive avec tous ces décors cités à l’horizon d’un cruel sort: la crise économique mondiale. Nos généraux gradés semblent ne pas s’y intéresser. Ils se sont déjà orientés vers les pétrodollars : les pays arabes. Apres une longue et âpre  lutte pour le retour à l’ordre constitutionnel(depuis le dernier coup d’état militaire en juin 2008)qui sera sanctionné par un embargo international,la clémence semble sourire de nouveau à la mauritanie : ses partenaires internationaux au développement viennent de lui accorder un pardon pour que le pays déjà fragilisé se remette debout.
Aujourd’hui encore et encore la Mauritanie apres plus de dix ans de `rectification´´retourne le dos cette fois pour montrer que les chiffres 6 et 9 sont similaires au recto verso d’une meme feuille. Notre president bien éclairé a decidé de changer la Constitution. Bongre et malgre le refus et le rejet de ce projet par les senateurs et par toute l’opposition radicale,la societe civile et autres acteurs de la bonne gouvernance le gouvernement dans sa volonté d’ancrer sa logique de changement de constitution a proclamé solennellemt le 05 aout jour de vote de referendum national. Ça passe et ça casse ou ça casse et ça passe. On commence d’abord par orner notre drapeau national par du Rouge pour accompagner le vert . Un general ne connait pas d’échec.

Oumar Sow
Freelance
 

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