
L’Algérie a annoncé lundi la fermeture de son espace aérien à tous les vols à destination et en provenance du Mali, une décision sans précédent qui reflète l’escalade des tensions entre les deux pays voisins et ouvre la porte à une nouvelle crise diplomatique dans la région du Sahel, qui connaît déjà des troubles sécuritaires et politiques successifs.
Le ministère algérien des affaires étrangères a déclaré dans un communiqué officiel que cette décision intervenait « en réponse aux violations répétées de l’espace aérien algérien par des avions militaires maliens », qualifiant ces violations d’« escalade injustifiée et de provocation dangereuse qui porte atteinte à la souveraineté de l’État algérien ».
Cette décision intervient quelques jours après que l’armée algérienne ait annoncé la chute d’un drone qui aurait violé l’espace aérien algérien en provenance du Mali et pénétré d’environ deux kilomètres sur son territoire.
Les autorités maliennes ont démenti ces accusations, confirmant que le drone avait été abattu au-dessus de leur territoire.
Réactions
Suite à cette escalade, les pays de l’Alliance du Sahel – le Mali, le Niger et le Burkina Faso – ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs d’Algérie pour consultations, considérant que la décision algérienne constitue « une atteinte aux relations fraternelles entre les peuples de la région ».
Les alliances militaires de la région ont qualifié l’incident d’« agression contre la souveraineté malienne et de menace pour la sécurité régionale ».
L’Algérie a réagi par des mesures diplomatiques similaires, rappelant ses ambassadeurs à Bamako et Niamey et annonçant le report de l’envoi de son nouvel ambassadeur à Ouagadougou, soulignant que ses décisions sont prises « sur la base du principe de réciprocité et dans le souci de préserver la dignité de l’Etat algérien ».
Cette décision a immédiatement affecté les vols directs entre l’Algérie et le Mali, notamment ceux opérés par Air Algérie entre Alger et Bamako.
L’impact de la fermeture pourrait s’étendre à d’autres vols de transit qui utilisent l’espace aérien algérien comme lien entre le Mali, le Maghreb et l’Europe.
Des sources de navigation ont indiqué que les transporteurs aériens opérant dans la région ont commencé à revoir leurs itinéraires, craignant que l’escalade ne s’étende à d’autres espaces aériens de la région.
Contexte
Les relations entre l’Algérie et les autorités de transition du Mali sont de plus en plus tendues depuis que Bamako s’est retiré de l’accord de paix signé en 2015 sous les auspices de l’Algérie.
L’Algérie accuse les autorités maliennes de « saper le processus de réconciliation nationale », tandis que Bamako accuse l’Algérie de soutenir les mouvements d’opposition armés dans le nord.
La tension s’est aggravée depuis que le Mali, ainsi que le Niger et le Burkina Faso, se sont rapprochés de la coordination militaire avec la Russie par le biais du groupe Wagner et ont rompu leurs liens avec la France et les pays occidentaux, que l’Algérie considère comme une menace pour les équilibres régionaux en matière de sécurité.
Les faits
Les observateurs estiment que cette escalade représente la plus grave crise diplomatique entre l’Algérie et le Mali depuis des décennies, et révèle un changement stratégique dans les relations entre les pays du Sahel, à la lumière de changements géostratégiques sans précédent.
L’avenir des relations algéro-maliennes reste suspendu entre l’apaisement et l’escalade, en l’absence de canaux de dialogue clairs entre les deux parties, et les craintes que la détérioration des relations ne conduise à de nouveaux troubles dans la région du Sahel, qui souffre d’une fragilité sécuritaire, de menaces terroristes et de tensions sociales profondément enracinées.
 



