Algérie : 28 manifestants condamnés à la prison pour avoir hissé le drapeau berbère
Un tribunal algérien a condamné mardi à 6 mois de prison des manifestants ayant hissé le drapeau berbère, un acte « qui porte atteinte à l’unité nationale » selon les autorités.
Les premières arrestations ont été effectuées le 22 juin, deux jours après une mise en garde du chef d’état-major des armées le général Ahmed Caïd Saleh, l’homme fort de l’Algérie depuis la démission du président Bouteflika le 2 avril, qui interdisait de porter autre drapeau que le drapeau national lors des manifestations.
Le tribunal des délits à Sidi M’Hamed, dans le centre d’Alger, a prononcé dans la nuit de lundi à mardi 22 manifestants des peines d’emprisonnement d’un an dont 6 mois avec sursis, en plus d’une amende de 30.000 dinars algériens, soit environ 230 euros.
Les mêmes sources ajoutent que le procès de 20 autres détenus dont l’un d’eux se trouve encore à l’hôpital a été reporté au 18 novembre.
Mardi matin le même tribunal a prononcé des peines de prison de 6 mois à l’encontre de 6 accusés dont le procès était prévu le 5 novembre, reporté par la suite à cause de la grève sans précédent des juges algériens.
Le vice-président de l’association pour la défense des droits de l’homme Saïd Salihi, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux a dit que les avocats vont faire appel des peines prononcées.
Il a considéré que les peines étaient lourdes « surtout que nous nous attendions à ce que les juges fassent prévaloir leur conscience après leur grève pour réclamer l’indépendance de la justice ».
Le parquet avait demandé à l’encontre des détenus une peine de deux ans de prison et une amende de 100.000 dinars algériens soit environ 750 euros.
Lors de leurs plaidoyers les 70 avocats qui défendaient les détenus, ont soutenu qu’aucune loi n’interdisait l’exhibition du drapeau berbère et que même la constitution algérienne considère le berbère comme une composante de l’identité nationale.
Les avocats ont également protesté contre la lenteur des mesures dans une affaire « qui ne demandait pas une enquête de quatre mois d’autant qu’il n’existe, dans le dossier, que des procès-verbaux d’audition ».