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Algérie : dissolution du parlement et clin d’œil au Hirak

Le président algérien Abdel Mejid Teboune, dans un discours jeudi à la nation, a annoncé la dissolution du parlement et la convocation de nouvelles élections législatives anticipées.

Il a par ailleurs annoncé un remaniement ministériel dans les prochaines 48 heures et une grâce présidentielle à 60 détenus du « Hirak », mouvement de la contestation.

Ce discours, qui coïncide avec la commémoration de la journée du martyr, est le premier prononcé par le chef de l’état algérien depuis son retour d’Allemagne où il s’était rendu pour des soins.

Le président algérien a promis que les prochaines élections mettront fin à la fraude et qu’elles seront supervisées par une institution indépendante sans intervention du chef de l’état, réaffirmant sa volonté de mettre fin au doute à propos des institutions électorales.

Le président Teboune a invité les jeunes à prendre part à ces élections ajoutant que la nouvelle constitution apportera l’appui financier et moral à la jeunesse.

C’est la deuxième fois en Algérie que le parlement est dissous et que des élections législatives anticipées sont organisées, la première fois ayant été en 1992, au lendemain de la démission de l’ancien président Chadli ben Jedid, entraînant une intervention rapide de l’armée après que le front islamique du salut (FIS) ait dominé le parlement et les conseils locaux.

L’armée avait dissous l’assemblée nationale, suspendu la constitution et mis en place un conseil supérieur de l’état chargé de diriger le pays pour une période transitoire de deux ans.

Celle-ci sera caractérisée par une grande insécurité et l’assassinat du président du conseil Mohamed Boudiaf en juin 1992, plongeant le pays dans une sphère de violences connue alors sous le nom de la décennie sombre.

En décidant de dissoudre le parlement, le chef de l’état algérien a voulu apaiser le climat politique dans le pays, après le vaste mouvement de protestation qui a secoué le pays et amené l’armée à limoger l’ancien président Abdel Aziz Bouteflika et à organiser des élections qui ont consacré la victoire d’Abdel Mejid Teboune sans pour autant mettre fin au Hirak rejetant la domination de l’institution militaire sur le pouvoir.

Les prochaines élections seront organisées suivant une nouvelle loi électorale qui prévoit un retour au scrutin proportionnel, la suppression de la tête de liste, le renforcement de la surveillance sur les sources de financement des campagnes électorales et la consécration pour la première fois de la supervision par l’autorité indépendante des dossiers de candidatures et toute l’opération électorale.

En attendant l’organisation de ces élections, le président algérien a annoncé un prochain remaniement ministériel dans les prochaines 48 heures après les différentes critiques adressées à l’équipe gouvernementale.

Le président Teboune a par ailleurs gracié 55 à 60 personnes détenues lors des mouvements de protestation dont 30 ont déjà fait l’objet de condamnations définitives, au lendemain du deuxième anniversaire du mouvement populaire, un geste d’apaisement en direction de ce mouvement.

Il a estimé que le changement demandé par le Hirak a été consacré dans la nouvelle constitution, promettant de nouvelles décisions allant dans le même sens.

Le chef de l’état algérien a annoncé l’installation de « l’observatoire national de la société civile », « le conseil supérieur de la jeunesse » et « la cour constitutionnelle » avec des prérogatives supplémentaires selon la nouvelle constitution.

Le président Teboune, dans son discours, a cependant sévèrement critiqué des composantes internes du pays, sans les nommer, les accusant de « vendre et d’acheter l’Algérie à vil prix » et de s’être effacées alors que les biens du pays étaient dilapidés et envoyés à l’extérieur.

Depuis quelques mois certains symboles du régime de l’ancien président Bouteflika dont des proches sont l’objet de procès accusés de corruption et de détournement.

 

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