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Kiffa : la capitale du commerce, de l’inspiration et des défis

Sidi Mohamed Choumad, envoyé spécial de Sahara Medias

 

La ville de Kiffa, est une page de l’histoire de la Mauritanie, d’où sont issus de grands hommes politiques, des intellectuels, des commerçants et des hommes d’affaires du pays.

Cette ville qui résiste fortement encore à un climat hostile et à la rudesse de la nature, est la capitale commerciale de la Mauritanie, le berceau d’histoires inspirantes et d’anecdotes en séries.

Lorsque Mokhtar Ould Daddah s’est rendu à Nouakchott quelques années après l’indépendance, il a décidé de mettre à profit la fougue et les énergies de la jeunesse de cette ville et a invité tous les jeunes qui exerçaient un métier ou qui aspiraient en avoir, à l’accompagner à Nouakchott pour l’aider à concrétiser le projet de naissant capitale.

Parmi ceux-ci, Mohamed Saghir, jeune homme de vingt ans apprenti charpentier à Kiffa, a décidé de répondre à cet appel du président fondateur, et un avion privé l’a transporté, avec des dizaines d’autres jeunes hommes, jusqu’au vaste désert d’alors appelé Nouakchott.

Il bénéficiera d’une formation rapide auprès d’une entreprise française, et a obtenu son diplôme dans une classe de charpentiers et de maçons ayant construit le palais présidentiel et d’autres infrastructures gouvernementales, et puis plus tard le bâtiment qui allait abriter la Banque centrale.

Aujourd’hui, Mohamed Saghir installé à Kiffa raconte à Sahara Media son histoire, quand, après des années de vie à Nouakchott, il a décidé de regagner sa ville d’origine, où il avait vécu sa tendre enfance.

Il a troqué un salaire attractif, dans une ville moderne contre un maigre salaire de menuisier à l’inspection de l’enseignement à Kiffa.

Bosselé et appuyé sur une canne, Mohamed Saghir se souvient des années qui ont façonné l’identité d’une ville et d’une personne qui entretenaient une relation existentielle, une ville qui serait, selon lui, «la colonne vertébrale de la Mauritanie.»

Histoire de la fondation

La création de la ville de Kiffa remonte au début du XXe siècle, lorsque les colonialistes français décidèrent d’établir une ville dans une zone qui s’appelait alors « Hsey Babou », mais la nouvelle ville reçut bientôt d’importants migrants venus des villages et de villages des régions du centre et de l’est, en raison de la sécheresse, pour devenir ensuite un centre commercial important.

« Mohamed Saghir » révèle que la ville revêtait un caractère agro-sylvo-pastoral, mais avec l’indépendance, son commerce est devenu florissant, dynamique et source importante d’approvisionnement pour plusieurs régions.

Ville marchande

Dans le vieux quartier de la ville, les camions sont submergés par les charrettes et les bicyclettes, alors que les dockers transpirent dans la ville, l’une des plus chaudes du pays en été, avec parfois des températures de parfois les 50 degrés Celsius à l’ombre, ce qui n’affecte nullement l’activité dans le marché de la ville, troisième plus grand centre commercial après Nouakchott et Nouadhibou.

Le jeune homme, répondant au nom de « Saaden » raconte comment il s’est installé en 2016, d’abord comme simple ouvrier dans un magasin, pour devenir, quelques années plus tard l’un des plus importants distributeurs de denrées alimentaires et de fourrage.

Malgré son importance, le marché est fortement impacté par les multiples coupures d’électricité « quasi permanentes, exposant les produits périssables à la détérioration », a déclaré le jeune commerçant.

Pour Moussa, un autre commerçant, le marché n’est plus ce qu’il était, affecté par l’importance prise par ceux des villes voisines.

Le jeune commerçant estime que “des réformes fondamentales dans le fonctionnement du marché sont nécessaires pour les commerçants et pour la commune”.

En attendant, certains commerçants se plaignent du « manque d’hygiène, de l’augmentation des taxes municipales, du manque de planification et de l’absence du contrôle sur l’activité au sein du marché ».

La visite du président

La ville de Kiffa a accueilli samedi le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, que des centaines de citoyens ont accueilli, se remémorant les souvenirs de la visite dans cette ville du premier président du pays, et les lacunes d’antan.

Les commerçants du marché ont évoqué l’absence d’hygiène alors que le président Ghazouani inaugurait une nouvelle décharge, la première du genre dans cette ville commerçante parmi les plus importantes du pays.

L’état a consacré un milliard d’anciennes ouguiyas de son budget à la nouvelle décharge, qui comprend des unités de traitement des déchets solides à recycler et à éliminer comme l’exige la réglementation environnementale, d’autant plus que le marché de la ville produit quotidiennement de grandes quantités de détritus.

Le président Ghazouani a décidé d’inaugurer au cours de sa visite à Kiffa, un projet d’approvisionnement en eau potable de desservant plusieurs quartiers de la ville depuis la station de Bougadoum, située à 40 kilomètres de la ville.

Les autorités ont annoncé que ce projet fournira à Kiffa plus de 2.000 mètres cubes d’eau par jour, en attendant qu’un projet en cours, plus important, à partir des eaux du fleuve Sénégal,  ne soit achevé .

Autre projet visité à Kiffa, par le président mauritanien, le chantier pour la construction de 368 logements sociaux destinés aux groupes les plus vulnérables de la ville, dans le cadre du programme « Dari », l’une des promesses de ses promesses lors de son arrivée au pouvoir il y a près de cinq ans.

Les autorités avaient annoncé que seulement 50 maisons ont été achevées dans cet important chantier de la délégation générale à la solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion «Taazour ».

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