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Les journalistes pris au piège en ce temps du coronavirus

Le syndicat des journalistes mauritaniens ont adressé depuis quelques jours un appel aux autorités du pays demandant une exemption pour les journalistes du couvre-feu et de l’interdiction de circuler, des mesures prises par les autorités dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.

Le président du syndicat des journalistes Mohamed Salem O. Dah a estimé que cette requête auprès des autorités a été en partie satisfaite car un nombre d’autorisations, limité il est vrai, a été délivré à des employés d’institutions de presse afin de leur permettre de remplir leurs missions.

Le président du syndicat des journalistes a souligné la nécessité d’autoriser les correspondants des médias étrangers et ceux parmi eux bloqués à la frontière de pouvoir effectuer leur travail, citant pour l’exemple le correspondant itinérant de la chaîne de télévision « Al Arabia », El Khalil O. Jdoud, confiné à la frontière malgré l’ordre de mission en sa possession.

Ould Jdoud, arrivé à Rosso, ville frontalière avec le Sénégal le 21 mars en provenance de l’Ethiopie, via l’aéroport de Dakar, a été confiné pendant deux semaines, puis pour une troisième semaine sous prétexte que la mesure a été généralisée, une situation qui se poursuit encore à ce jour.

Le correspondant d’Al Arabia estime que la mesure prise dès le départ, à son endroit est arbitraire pour avoir été confiné deux semaines durant, puis maintenu en confinement pour une troisième semaine, alors que d’autres personnes arrivées en même temps que lui ont été libérées lundi et mardi dernier.

Dans un entretien téléphonique avec Sahara Medias, El Khalil O. Jdoud a dit qu’il avait demandé aux autorités sanitaires de la ville de Rosso qu’il soit soumis au test après trois semaines de confinement, ce que celle-ci ont refusé sous prétexte qu’elles ne peuvent le faire que sur autorisation du ministre de la santé ou du directeur de la santé publique.

Selon lui le ministre de la santé s’y est opposé annonçant l’envoi prochainement d’une mission médicale sur place.

Même les journalistes se trouvant à Nouakchott connaissent de sérieuses difficultés dans l’accomplissement de leur travail à cause du couvre-feu partiel imposé par les autorités, alors que leur majorité travaille pour des médias dont le gros du travail ne se fait essentiellement que le soir.

Dans ce cadre, le journaliste Abdallahi Memine, correspondant en Mauritanie de la chaîne Al Arabi, a écrit sur sa page Facebook « il semble quelque part que certains veulent exclure les correspondants de presse et enfreindre leur liberté, limiter leur importance et leur rôle ».

« Pour preuve, ajoute O. Memine le fait de les empêcher de travailler pendant les heures des émissions maghrébines qui coïncident avec l’horaire du couvre-feu, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays dont certains sont particulièrement affectés ».

Ould Memine estime que l’octroi d’autorisations aux correspondants de la presse étrangères, qui se comptent sur le bout des doigts, n’affecte en rien la sécurité publique, eu égard à leur degré d’éveil sanitaire et le fait aussi que certains d’entre eux ont même déjà couverts des pandémies et des guerres dans plusieurs régions.

Pour sa part le journaliste Brahim Moustapha, correspondant en Mauritanie des deux chaînes « Al Arabia » et « Al Hadeth » a mis en garde, sur sa page Facebook, contre la tutelle qu’impose le ministère de l’intérieur à celui de l’information, estimant que le ministère de l’intérieur confisque actuellement la liberté de la presse rappelant les périodes d’exception.

Brahim Moustapha rappelle que le ministère de l’intérieur refuse aux correspondants des autorisations ne serait-ce que pour 12 heures de temps en l’absence de toute loi ou justification logique.

« Plus surprenant, ajoute le journaliste, le ministère de la culture, théoriquement notre tutelle, est de mèche avec le ministère de l’intérieur en se confinant dans le silence comme s’il n’était pas concerné par la question ».

Il s’est déclaré inquiet quant à la réduction de la marge de liberté et celle de la presse, ajoutant que personne n’est nostalgique à l’article 11.

Brahim O. Moustapha affirme faire face à d’énormes difficultés dans l’exercice de son métier de correspondant, interdit de photographier ou de se mouvoir dès 18 heures, malgré ses multiples tentatives d’obtenir un laisser-passer.

Un autre journaliste, correspondant d’une agence étrangère et qui a souhaité garder l’anonymat, confirme les propos de ses confrères, ajoutant que la lettre qui lui a été remise par le ministère de la communication et signée du ministre, a été, dans un premier temps confisquée par la gendarmerie puis remise, froissée, échappant de peu à pire…

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