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Mali : à qui le groupe Wagner sera-t-il opposé à la lumière de l’entente russo-malienne ?

Le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov a déclaré que les autorités maliennes sont convenues avec une société privée russe à un accord destiné à renforcer la sécurité sur leur territoire, avant d’ajouter que les autorités russes n’étaient pas concernées par cet accord.

Cette déclaration du ministre avait été faite à l’issue d’une rencontre avec son homologue malien Abdalla Diop au cours de laquelle les deux ministres ont évoqué les questions sécuritaires et la coopération entre les deux pays.

Le ministre malien après avoir rappelé que la Russie était un membre permanent du conseil de sécurité a ajouté que celle-ci était un partenaire important pour son pays avec laquelle il œuvre à consolider la coopération sécuritaire.

Ces déclarations interviennent dans un contexte où on évoque de plus en plus au Mali un accord avec la société privée russe Wagner pour les services sécuritaires.

Ce projet d’accord a été grandement rejeté par les partenaires internationaux maliens avec à leur tête la France et l’union européenne mais aussi les pays voisins comme par exemple le Niger qui a critiqué cet accord et le Tchad qui considère que la présence du groupe Wagner au Mali constitue un danger pour le Sahel, l’accusant d’avoir entrainé les assassins de l’ancien président Idriss Debi Itno en avril dernier.

Au Mali la rue est partagée.

il y a d’un côté, ceux qui appellent fortement à « la venue du groupe Wagner et l’expulsion des forces françaises » comme cela avait été le cas lors de manifestations demandant la prolongation de la durée de la transition militaire dans le pays et l’établissement d’un accord avec le groupe russe, et de l’autre ceux qui affirment que l’arrivée des « mercenaires » au Mali n’est pas une solution pour le pays qui vit une situation politique sensible et une situation sécuritaire fragile.

Pourquoi le groupe Wagner ?

L’option de conclure un accord avec le groupe russe n’est pas nouvelle, car en 2019 déjà des manifestations sont sorties au Mali demandant une coopération militaire avec la Russie, après plusieurs attaques contre l’armée malienne et des voix se sont élevées, au sein des médias pour demander l’expulsion de la France et même les forces onusiennes.

Mais avec la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta des voix sont apparues sur la scène demandant une coopération militaire avec la Russie avec de plus en plus d’opposants à la présence française au Mali.

Le mouvement national pour le Mali est la première organisation opposée à la France et partisan de la coopération avec la Russie et prône également la prolongation de la période de transition dans le pays.

Dans une déclaration faite à Sahara Medias le responsable à la communication de ce mouvement Coulibaly Mouhamedou a dit que la coopération avec la Russie et notamment le groupe Wagner est « l’unique solution pour le retour de la sécurité au Mali » en prenant pour l’exemple celui de la Centrafrique où le groupe russe a réussi à rétablir la sécurité alors que la France a échoué à mettre fin au terrorisme au Mali.

Pour sa part le premier ministre malien Chouguel Maïga, dans un discours samedi devant l’assemblée générale des nations unies, avait critiqué la France pour son retrait et la fin de l’opération Barkhane sans coordination avec les autorités de son pays, ajoutant que le gouvernement malien a le droit de coopérer avec tout partenaire de son choix.

Dans une conférence de presse, le premier ministre malien a dit que la fermeture par la France de certaines de ses bases dans le nord Mali, va créer des zones qui seront hors du contrôle du gouvernement.

La coordination des mouvements de l’Azaouad, dans un communiqué publié le 16 septembre a mis en garde les autorités maliennes contre la venue dans le pays des mercenaires du groupe Wagner.

La coordination ajoute que « l’état supportera l’entière responsabilité au cas où il fera venir le groupe Wagner au Mali, » ajoutant que celui-ci a mauvaise réputation et que la coordination des mouvements de l’Azaouad n’accepteront aucun mercenaire sur le territoire malien, conclu le communiqué.

Contre l’Azaouad  

La déclaration du premier ministre malien à propos du retrait français et la nécessité pour le Mali d’être présent dans les zones délaissées, a été interprétée par certains milieux politiques comme étant une volonté du premier ministre malien d’engager les combattants du groupe Wagner contre les mouvements de l’Azaouad, notamment le mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA).

Les sources de Sahara Medias lui ont confirmé des informations selon lesquelles Bamako envisage de déployer les mercenaires du groupe Wagner dans les régions du nord pour combattre les mouvements de l’Azaouad actifs dans cette zone.

Dans une déclaration faite à Sahara Medias le porte-parole de la coordination des mouvements de l’Azaouad, Mohamed Maouloud Ramadan a dit que « la signature par le gouvernement d’un accord avec le groupe Wagner témoigne d’une confusion et d’échec, car environ 80% des terres maliennes sont hors de contrôle de l’armée malienne ».

Pour Ramadan, « l’objectif visé à travers la conclusion d’un accord avec les mercenaires russes n’est pas de combattre ce qu’ils appellent les groupes terroristes comme prétendu, mais l’objectif premier est d’en faire un soutien pour leur permettre de prolonger la durée de la transition ».

La solution, selon Ramadan ne saurait venir de l’extérieur, car après huit ans de présence des forces françaises et celles de la MINUSMA, celles-ci ont été incapables de mettre fin à l’insécurité dans le pays.

Il a appelé le gouvernement à appliquer l’accord d’Alger, notamment la clause relative à la restructuration de l’armée, essentielle, si le gouvernement malien est véritablement décidé à aller de l’avant pour parvenir à la paix, « car seules les armées locales sont à même de garantir la sécurité, fortes de la confiance des peuples » a notamment déclaré Ramadan.

Le porte-parole de la coordination des mouvements de l’Azaouad a mis en garde contre la présence des mercenaires Wagner sur le sol malien ajoutant que personne ne peut prédire ce qui arrivera car le Mali aura ouvert un autre front dont il peut bien s’en dispenser.

Un point de vue partagé par Daniel Izinga et Joseph Siegel, deux responsables du centre des études stratégiques africaines dans un article sous le titre « le jeu du groupe Wagner russe hypothèque la période de transition au Mali ».

Les deux chercheurs estiment que le Mali se retrouvera dans une situation inconfortable pour avoir perdu sa souveraineté au profit d’une force étrangère dans un pays dirigé par des autorités putschistes qui cherchent à rester au pouvoir.

Les deux chercheurs en veulent pour preuve l’entrée au Mali des mercenaires russes du groupe Wagner, qui n’ont pas réussi à assurer la stabilité en Centrafrique, ni au Mozambique, ni en Libye ou en Ukraine, à fortiori au Mali qui connait une situation sécuritaire compliquée sur le cratère d’un volcan caractérisé par une crise politique et économique dangereuse.

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