L’association des Imams maliens a rejeté la qualification de « pays laïc » inscrite dans le projet de constitution malienne lors d’une réunion tenue au début de cette semaine à Bamako.
Pour les Imams « la laïcité » est « un terme pompeux » utilisé par les autorités pour justifier leurs agissements à l’endroit d’une secte ou adeptes d’une religion donnée.
Les Imams ont demandé la suppression du terme « laïcité » de la constitution et de porter à sa place « le Mali est un pays multi religieux et multiconfessionnel » et ont appelé les maliens à voter « NON » pour la constitution tant que les autorités tiennent à maintenir « la laïcité de l’état malien ».
Cet appel des Imams constitue une autre pierre d’achoppement sur la voie de la soumission du nouveau projet de constitution à un référendum populaire général, d’autant plus que la date d’organisation du référendum approche à grands pas.
Le président malien, le colonel Assimi Goïta avait reçu, fin février dernier, le nouveau projet de constitution après avoir été de nouveau libellé, la première version ayant été à l’origine d’une importante controverse du fait de certains articles.
Mutisme officiel
La commission chargée de superviser la rédaction de la constitution a déclaré que les articles en question ont été modifiés et d’autres inscrits tandis que certains articles ayant figuré sur la première version ont été supprimés et d’autres récrits pour parvenir enfin à 191 articles au lieu de 195.
Seulement l’approche de la date du referendum pour l’adoption de la constitution commence à inquiéter la rue malienne et des observateurs estiment que le retard des autorités maliennes quant à l’annonce de la date du referendum fait craindre que les autorités ne puissent respecter leurs engagements, non seulement en ce qui concerne le referendum pour la constitution mais aussi les élections municipales, législatives et présidentielles l’année prochaine.
Après l’annonce de l’accord conclu entre les autorités maliennes de la transition et la CEDEAO, prolongeant la transition de deux ans, il a été convenu d’organiser un referendum populaire autour d’une nouvelle constitution le 19 mars 2023.
Mais à l’approche de cette date, la présidence malienne n’a pas encore annoncée à ce jour, la publication du projet de la nouvelle constitution dans le journal officiel, en prélude à sa soumission à un referendum populaire, près de deux semaines après que le projet ait été remis au président Goïta.
Au mutisme officiel observé par les autorités maliennes à propos du retard des mesures accompagnant le referendum, il faut ajouter la non constitution de la commission qui sera chargée d’organiser les élections et qui devait être convoquée au moins 45 jours avant le referendum, c’est-à-dire le 17 février, ce qui n’avait pas été fait.
Nouveau rendez-vous
Face au flou entretenu par les autorités maliennes à propos de leurs engagements, une organisation de la société civile a proposé le report de la date du referendum relatif à la constitution sans modifier les dates des autres élections.
Pour sa part l’organisation non gouvernementale, , l’alliance pour le contrôle des élections (COCEM) présidée par une ancienne ministre du premier gouvernement du colonel Goïta a proposé l’organisation du referendum en juin prochain, afin de donner aux autorités maliennes le temps pour distribuer les cartes d’identités nationales, la mise à jour du registre électoral suivant le nouveau découpage administratif.
Mais le report de la date du referendum fait craindre celui des autres échéances électorales et donc le non-respect par le gouvernement malien de ses engagements notamment la remise du pouvoir aux civils à l’issue d’élections présidentielles en 2024.
Ces craintes se sont également amplifiées après les récentes déclarations du président de la cour constitutionnelle malienne pour qui les conditions d’organisation d’élections ne sont pas encore réunies.
Amadou Ousmane Touré, lors d’un forum mondial organisé le 15 février dernier à Bamako, a dit que l’instance n’était pas prête si le vote devait intervenir maintenant et même pas dans les prochains mois, ajoutant que si les élections étaient organisées « il n’ y aura pas de résultats et nous y mettrons des réserves. »
Amadou Ousmane Touré, choisi en aout 2020 pour présider la cour constitutionnelle malienne, a justifié ses déclarations en disant que le Mali ne dispose pas de budget suffisant pour organiser des élections et appelé les partenaires à aider le pays afin d’obtenir un budget pour organiser ces élections.