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Mali : l’opposition renonce à sa principale revendication

La crise politique malienne a connu une nouvelle donne, avec le renoncement de l’opposition à sa principale revendication, la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et en formulant une nouvelle proposition destinée à sortir de la crise.

L’opposition propose au chef de l’état une présidence honorifique qui consacre le début d’une transition qui s’achèvera avec ce qu’elle a appelé « la refondation de l’état ».

Cette proposition est le fruit de plusieurs jours de négociation entre les composantes du mouvement du 5 juin (rassemblement des forces démocratiques), un mois qu’elle soit descendue dans la rue pour réclamer la démission du président IBK accusé de corruption et de falsification et d’entraîner le pays vers la dérive, lui qui avait été élu il deux ans pour un deuxième et dernier mandat de 5 ans.

Ce mouvement est dirigé par des Imams, des politiciens et des activistes de la société civile dont le plus en vue est l’Imam Mahmoud Dicko, ancien président du haut conseil islamique, personnalité religieuse particulièrement influente qui s’est imposée en politique depuis quelques années.

Le renoncement de l’opposition à sa principale revendication, c’est-à-dire la démission du président Keita, a été vivement critiqué dans les rangs des militants du mouvement qui le considère « une trahison » à l’endroit des revendications formulées par les maliens lors de leurs marches de protestation le 5 juin, alors que certains parmi eux considèrent que la démission en elle-même n’est pas un objectif.

L’opposition avait publié un nouveau document de 11points destiné à sortir le pays de la crise politique, en priorité la dissolution de l’assemblée nationale élue fin mars dernier « grâce à une fraude massive » estime l’opposition qui propose, pour remplacer le parlement, « une institution législative de transition ».

Elle propose par ailleurs la reformulation de la haute cour de justice accusée d’être impliquée dans la falsification des résultats des élections et dont quatre des 9 membres avaient démissionné.

Cette institution est depuis quelques années au cœur de la tempête politique que vit le Mali depuis quelques années.

Autre proposition faite par l’opposition la nomination d’un premier ministre avec tous les pouvoirs choisi par l’opposition qui ne peut être relevé par le président, libre de choisir les ministres sans se concerter avec le chef de l’état.

Une fois qu’il a constitué son équipe il a la latitude de nommer directement aux postes importants des administrations, de la justice et des forces armées et de sécurité.  

La proposition fait du premier ministre le président effectif du pays alors que l’actuel président sera un chef d’état honorifique, sans prérogatives et la proposition, en son huitième point, consacre le retrait de la présidence des institutions exécutives de l’état.

L’opposition malienne, dans ses propositions appelle à l’adoption d’une feuille de route qui consacre la refondation de l’état tout en préservant la démocratie, l’unité du pays, la paix et la cohésion sociale, et en exigeant des garanties fortes pour l’application de l’accord signé entre les parties avant la fin du mandat du président actuel.

Les propositions de l’opposition interviennent après des médiations entreprises par des délégations des nations unies, de l’union africaine et de la CEDEAO qui ont rencontré, ces dernières semaines, l’opposition et les partisans du président IBK.

Mais l’intervention la plus influente a été celle entreprise par les chefs d’état de certains pays voisins du Mali qui craignent l’implosion de ce pays déjà fragile, et dont l’équilibre du pouvoir a toujours été renversé par les manifestations populaires.

Les observateurs excluent que le président Keita accepte les propositions de l’opposition déjà rejetées par bon nombre de ses soutiens, surtout le retrait de la présidence de l’appareil exécutif et sa mutation en une présidence honorifique.

Les médiateurs estiment eux que les propositions formulées par l’opposition peuvent constituer le point de départ pour des négociations qui pourraient mener éventuellement à une solution pacifique de la crise politique.

Au demeurant l’opposition a renoncé à descendre dans la rue vendredi 3 juillet 2020, mais elle le fera une semaine plus tard, c’est-à-dire le 10 juillet.

Ce sera un véritable test pour le mouvement d’opposition après avoir révisé sa revendication première, la démission du président IBK, accusé par beaucoup d’être responsable de la propagation du chômage et de l’insécurité.      

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