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Mali : prémisses d’une crise politique et accusations de connivences au niveau de la cour constitutionnelle

La situation se complique au Mali et apparaissent les prémisses d’une crise politique dans le pays qui risque de verser l’huile sur le feu dans une situation sécuritaire difficile, alors que les résultats des élections qui se sont déroulées depuis quatre jours tardent à être annoncés.

Les prévisions prévoient un second tour qui sera plus compliqué que le précédent et qui engendre de grandes craintes.

Seize candidats de l’opposition à la présidentielle ont annoncé ce mercredi, lors d’une conférence de presse, que de graves violations ont entaché le premier tour des élections dont les plus importantes ont été l’achat de conscience et la partialité de l’état en plus d’accusations de connivences au niveau de la cour constitutionnelle qui doit trancher en dernier recours le résultat de cette élection.

Dans leur communiqué publié mercredi, ces 16 candidats rappellent les graves accusations portées contre la cour constitutionnelle et qui n’ont pas été démenties.

Ils ont appelé à l’ouverture d’une enquête à propos de ces accusations qui prêtent au président sortant, Ibrahim Boubacar Keita, la distribution de plusieurs millions aux membres du conseil pour les corrompre.

Ces candidats dont celui de l’opposition Soumaila Cissé, le physicien Cheikh Modibo Diarra et l’homme d’affaires Aliou Diarra, ont déclaré que la cour constitutionnelle avait auparavant publié, relativement aux élections, une consultation qui fait ressortir clairement un manque de volonté de sa part d’appliquer la loi.

Les candidats ont exigé la publication des résultats bureau par bureau, les procurations utilisées pour le vote dans tous les bureaux, la publication de la liste complète des localités et bureaux où il n’ ya pas eu de vote, en plus de la publication d’un démenti officiel de la cour constitutionnelle à propos de l’accusation de corruption et l’ouverture d’une enquête à ce propos.

Pour sa part le président de la commission électorale nationale indépendante s’est exprimé mercredi pour la première fois depuis les élections et a déclaré « qu’ils n’étaient pas entièrement satisfaits des conditions dans lesquelles ces élections ont eu lieu » mais il avait justifié cela par le volume des défis auxquels faisait face l’institution.

Le président de la commission électorale a ajouté que celle-ci nourrissait certaines craintes et des difficultés au début de l’opération de vote précisant que le gouvernement avait tardé à préparer cette échéance ne l’ayant entamé qu’en janvier 2018, un retard consécutif, selon lui, essentiellement à des problèmes logistiques et techniques, et non pas à une mauvaise volonté.

A propos des résultats des élections, le président de la commission a dit que quatre candidats, à l’issue des dépouillements déjà effectués arrivent entête des résultats, ce qui prouve selon lui que les maliens ont exprimé leurs voix en toute liberté.

Les observateurs de l’union européenne ont, quant à eux, publié mardi soir un premier rapport détaillé qui précise que les élections se sont déroulées dans des conditions acceptables malgré certaines violations dont notamment des activités menées par le gouvernement  pour valoriser le résultat du président sortant.

Les observateurs de l’union européenne ont estimé que ces activités ont contribué à un déséquilibre entre les différents candidats.

Dans ce rapport d’une dizaine de pages, les observateurs de l’UE estiment que la cour constitutionnelle qui a le dernier mot à propos des résultats définitifs a des difficultés de justifier sa neutralité afin de garantir sa crédibilité dans le traitement des résultats et les recours.

Ils soulignent un manquement de la part des médias publics qui n’ont pas été équitables dans leurs programmes d’information dans la répartition du temps imparti aux candidats et privilégié Ibrahim Boubacar Keita en tant que candidat, président effectif du pays et du gouvernement.

Pour sa part l’association des internautes du mali déplore des perturbations sur les réseaux sociaux le jour du scrutin par la volonté du gouvernement, selon elle, en violation du droit et de la liberté d’expression.

« Internet sans frontières » déplore elle aussi de la disparition de twitter et watsap au Mali le jour du vote.

Le gouvernement malien n’a fait aucun commentaire à propos de ces accusations.

Certaines sources ont affirmé à l’envoyé spécial de Sahara Media à Bamako que ces mesures étaient destinées à sécuriser les élections, alors que d’autres estiment que celles-ci étaient de nature à restreindre la communication entre les activistes politiques, et du coup influaient sur la capacité des partis à mobiliser pour toute manifestation probable.

 

 

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