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Mauritanie : les enseignants en colère à la veille de la nouvelle année scolaire

Les autorités scolaires mauritaniennes se préparent à la nouvelle année scolaire lundi prochain, dans un climat particulièrement tendu entre le ministère de l’éducation nationale et les syndicats de l’enseignement fondamental, qui menacent d’une grève des enseignants deux jours seulement après l’ouverture.

La coordination de l’enseignement fondamental soulève un certain nombre de griefs à l’endroit du système, dont la résolution est un préalable à la réforme de l’enseignement annoncée par le président Ghazouani, dans son programme « mes engagements », en plus d’autres revendications indispensables à l’amélioration des conditions des enseignants.

Pour Moustapha ould Mohamed Saïd, membre de la coordination de l’enseignement fondamental, interrogé par Sahara Medias, toute réforme qui ne met pas fin à l’injustice dont sont victimes les enseignants, est une réforme ratée.

Il est illogique, pour O. Mohamed Saïd, que le directeur de l’école qui dispense 30 heures de cours par semaines soit privé de l’indemnité de la craie, alors que celui de l’enseignement secondaire qui ne dispense que 6 heures par semaine en bénéficie.

Il a demandé que l’école fondamentale soit considérée « un établissement d’enseignement », elle qui est en fait considérée comme « un simple squelette éducatif » alors que les autres niveaux de l’enseignement sont considérés comme des « établissements officiels ».

Les enseignants font également prévaloir des engagements antérieurs du ministère, convenus avec la coordination de l’enseignement fondamental qui n’ont pas été respectés, comme par exemple le système des corps et la distribution de terrains, rappelle l’actuel coordinateurs Mohamed Mohamed El Yedali.

Celui-ci a déclaré à Sahara Medias que les enseignants ont d’autres revendications relatives à l’amélioration des conditions matérielles et morales de l’enseignant, comme par exemple l’augmentation des salaires, l’octroi d’indemnités spéciales à l’enseignant, afin qu’il puisse remplir la noble mission qui lui est confiée.

Ould El Yedali rappelle que la coordination avait conclu un accord avec le ministère, à la reprise des cours en août dernier, qui mettait fin à une grève, un accord qui prévoyait l’entame d’un dialogue entre les deux parties, accusant le ministère de renier ses engagements.

Face à cela la coordination a mis en place « une série de manifestations » entamée le 3 novembre courant et qui devra se poursuivre jusqu’au 9 décembre prochain, entrecoupée de grèves.

Seulement cette série de manifestations ne fait pas l’unanimité au sein de la coordination, le syndicat indépendant des enseignants mauritaniens ayant décidé de claquer la porte de la coordination et de boycotter toutes ses activités de protestation.

Le syndicat considère la décision de la coordination prématurée car il estime que toutes les options n’ont pas été épuisées à l’endroit du ministère et que la décision de protester a été prise de manière peu claire et peu compréhensible, selon lui.

Cependant le syndicat qui s’est constitué en 2006 est l’un des syndicats de l’enseignement le plus actif, et s’est engagé à continuer d’œuvrer pour le bien être de l’enseignant mauritanien et à satisfaire toutes ses revendications légales à travers tous les moyens de lutte.

Pour sa part la coordination de l’enseignement fondamental qui comprend le syndicat national des enseignants, celui des attachés d’administration, le mouvement de l’enseignement fondamental et le collectif des directeurs des écoles mauritaniennes, poursuit sa série de manifestations sans commentaire à propos du retrait du syndicat libre des enseignants mauritaniens.

Le coordinateur en exercice, dans sa déclaration à Sahara Medias, a appelé tous les cadres de l’enseignement fondamental à se tenir aux côtés de l’enseignant afin qu’il recouvre ses droits légaux.

Il a réaffirmé que la coordination rejette fermement l’arrêté 39-40 du ministère, relatif à la gestion des budgets de l’école qui exclue, selon lui, le directeur de l’école, estimant qu’il avait été conçu pour humilier l’enseignant.

Sahara Medias a tenté de recueillir, vainement, le point de vue du ministère.

L’ombre de cette profonde divergence entre le ministère et la coordination de l’enseignement fondamental plane sur la prochaine ouverture de l’année scolaire, d’autant que le président de la république, Mohamed O. Cheikh Ghazouani, en donnera le coup d’envoi depuis la ville de M’Bout, réaffirmant sa détermination antérieure à créer une école républicaine, dont l’enseignant constitue la pierre angulaire.

 

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