Actualité

Première semaine du procès de la décennie : bataille des procédures formelles et sécurité sans failles

Les audiences du procès de l’ancien président mauritanien Mohamed O. Abdel Aziz et certains de ses collaborateurs ont bouclé ce mercredi leur première semaine sans entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire les accusations portées contre eux dont notamment la corruption, l’enrichissement illicite, le trafic d’influence, des audiences dominées par la bataille des « défenses formelles » entre les avocats.

Depuis la première audience de ce procès, le premier du genre en Mauritanie, les avocats ont occupé le devant de la scène et sont entrés plusieurs fois dans des batailles juridiques qui sortent du cadre du procès.

Plusieurs heures sont passées dans les mesures de contrôle, les aires de stationnement, les sièges réservés aux avocats de la défense comme cela avait été le cas lors de la première audience.

La première bataille de procédures entre les avocats s’est traduite par la demande des instances de la société civile spécialisée dans la lutte contre la corruption et la gabegie de constituer partie civile à travers ses avocats, une requête rejetée par les avocats de la défense et refusée par le tribunal.

Lors de la deuxième audience a été marquée par cette autre bataille entre les avocats quand ceux de la défense avaient demandé au tribunal la liberté provisoire pour leurs clients pendant le procès, une requête qui a été à l’origine de vives altercations entre les avocats.

L’audience s’est terminée sans qu’une décision n’ait été prise en ce sens, alors que le parquet général et les avocats de la partie civile défendaient la mesure relative à la détention des accusés, « une mesure normale et justifiable sur le plan juridique et procédural ».

Le président du tribunal a demandé aux avocats de la défense de présenter, au nom de chaque accusé une demande écrite comme le stipulent les règles procédurales, avant d’abandonner cette question, sans prendre de décision en ce sens, une position critiquée par les avocats de la défense.

Lors de la troisième audience qui a vu la présence de l’homme d’affaires Mohamed O. Bobatt, de retour de soins à l’étranger, il a été procédé à l’interrogatoire des accusés et la réception des défenses formelles de la part des avocats de la défense.

Bien que l’ancien président se soit déclaré, au début de l’audience comme le représentant de la fondation caritative Errahma, le président du tribunal, lors de l’interrogatoire, a décrit le représentant de celle-ci « absent », elle qui est accusée de blanchiment d’argent.

Lors des batailles de défense formelles, les débats sont de nouveau revenus autour de l’article 93 de la constitution, qui garantit, selon les avocats de la défense, l’immunité absolue et éternelle à leur client, ne pouvant être jugé, selon eux, que par la haute cour de justice pour haute trahison.

Des débats juridiques et constitutionnels se sont poursuivis depuis cette audience et jusqu’à celle de ce mercredi, autour de la question du concept de l’immunité quand doit-elle être absolue ou provisoire.

Bien que les débats entre les avocats soient restés dans le cadre des détails de la loi pénale et constitutionnelle mauritanienne, il n’en demeure pas moins que des débats formels sont apparus, comme par exemple des protestations à propos de la traduction de certains mots ou certaines expressions ou encore le rejet de certaines qualifications à l’endroit du tribunal ou des accusés.

L’un des avocats avait demandé à la cour d’imposer à l’avocate libanaise Sandrella Muharij de se couvrir la tête en entrant dans la salle d’audience, une demande qui a suscité la raillerie sur les réseaux sociaux.

Malgré sa fermeté dans de nombreux cas, le président du tribunal a dû recourir, à certains moments, pour imposer l’ordre dans la salle et empêcher les avocats d’en venir aux mains.

Dans d’autres cas il a fait preuve de souplesse laissant aux avocats le soin de mener leurs batailles et de faire valoir leur richesse linguistique et juridique.

Malgré l’intérêt porté par les mauritaniens au déroulement de ce procès, l’entrée de bon nombre de journalistes et de citoyens dans la salle d’audience, il n’en demeure pas moins qu’aucune image n’en est sortie, ce qui confirme l’efficacité des mesures sécuritaires imposées par les autorités judiciaires dans l’environnement et à l’intérieur du palais de justice.

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page