Priorité du premier voyage européen du président Ghazouani : la sécurité et l’économie
Le président mauritanien Mohamed O. Cheikh Ghazouani a achevé lundi soir sa première tournée européenne depuis son arrivée au pouvoir qui l’a conduit en France et en Grande Bretagne, une tournée dominée par deux sujets importants : la sécurité et l’économie.
Le terrorisme
La première étape du voyage du chef de l’état mauritanien a été la ville française de Pau où il s’était joint à ses pairs du Sahel, autour du président français Emmanuel Macron pour un sommet consacré aux aspects politiques et sécuritaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Ce sommet tient toute son importance de la question de la présence militaire française au Sahel, une question tranchée à la fin du sommet à travers une position politique claire de la part des pays du G5 Sahel pour le maintien de cette présence militaire française, une question que le président mauritanien, à la gauche de l’hôte du sommet n’a pas évoqué.
En marge du sommet il a été annoncé que le chef de l’état mauritanien sera le président en exercice du G5, succédant ainsi au chef de l’état burkinabé Rock Marc Kaboré, lors d’un sommet qui se tiendra à Nouakchott mais dont on ne sait toujours pas si le président français y sera ou non.
Ce sera le premier véritable test pour le président mauritanien, cumulant une plus grande expérience militaire et sécuritaire comparé à ses autres homologues de la région.
Les français prêtent une attention particulière sous le mandat du président Ghazouani, lui qui les avait épatés en novembre dernier quand il avait établi un diagnostic précis de la crise qui menace le Shale africain, lors du forum qui s’était tenu à Dakar.
Les donateurs
Après le sommet de Pau, le président Ghazouani a entamé une visite de travail en France autour de laquelle peu de choses ont filtré, quand bien même les sources de Sahara Medias l’ont qualifié de politique plus que toute autre chose.
Selon les mêmes sources, parmi les dossiers évoqués lors de cette visite de travail, la préparation prochaine d’une conférence des donateurs sur laquelle parie la Mauritanie pour financer multiples projets de développement et revitaliser l’économie du pays.
La dernière conférence des donateurs a été celle organisée en 2010 à Bruxelles, alors que le premier ministre de l’époque, Moulaye O. Mohamed Lagdaf avait réussi à obtenir des promesses de financement pour une enveloppe totale de 3,2 milliards de dollars.
Depuis les choses n’ont pas beaucoup évolué, le gouvernement mauritanien se limitant à des rencontres épisodiques avec le comité de suivi des donateurs, sans grande évolution à cause de certains manquements perçus du côté mauritanien, empêchant par la même la tenue d’une autre conférence des donateurs pour le pays.
Le président Ghazouani veut mettre à profit l’alternance pacifique au pouvoir dans le pays, le climat politique apaisé qui y prévaut, la qualité des relations avec la France, les pays du Golfe arabique, les Etats Unis et la Grande Bretagne pour la tenue d’une nouvelle conférence des donateurs destinée à dynamiser l’économie du pays
Le gaz
Depuis la France le président Ghazouani s’est rendu en Grande Bretagne, porteur de ses soucis économiques, afin d’assister au sommet Angleterre-Afrique où seront présentes les grandes sociétés internationales et les institutions financières.
La visite du président Ghazouani a été importante, dans son contexte économique, étant la première visite effectuée par un président mauritanien à Londres, depuis que la société britannique British Petrolium (BP) a investi un milliard de dollars dans le gaz mauritanien.
Mohamed O. Cheikh Ghazouani a entamé son séjour londonien par une rencontre avec le président-directeur général de BP qui exploite le champ gazier naturel en face des côtes mauritaniennes, entouré de hauts responsables de sa société.
Cette rencontre est intervenue en un moment crucial dans les négociations entre la société britannique d’une part, et la Mauritanie et le Sénégal d’autre part sur les prix du gaz naturel du champ commun « grande tortue-Ahmeyime ».
La conférence de Londres qui a accueilli 21 chefs d’état et de gouvernement africains s’était focalisée sur des modèles d’investissement dans un nombre restreint de pays, l’Egypte, l’Algérie, le Maroc, l’Afrique du sud, le Nigéria et l’Ethiopie.
Cependant le président Ghazouani a su obtenir quelques minutes, à un moment important des débats, mis à profit pour exposer les atouts économiques du pays et pour adresser un message rassurant aux investisseurs, notamment en ce qui concerne la sécurité, la justice et les autres mesures d’accompagnement, ignorant entièrement le volet politique.
Le président mauritanien a tenté d’expliquer aux investisseurs européens et africains sa conception quant à l’importance du secteur privé et les efforts déployés par l’état pour développer et appuyer ce secteur, ajoutant que l’état s’y investit parce qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un devoir et d’une option.
Ould Ghazouani a été fortement applaudi à la fin de son discours circonscrit et précis, mais son message trouvera-t-il un écho favorable auprès des investisseurs ?
Toujours est-il que les mauritaniens y aspirent alors que les prix flambent et que les services se détériorent, dans une conjoncture économique particulièrement très difficile.