De violents combats ont opposé jeudi l’armée tchadienne et les combattants du front de la concorde pour le changement dans la région de Kanem, nord-ouest du pays, des combats les plus violents depuis la mort du président tchadien d’Idriss Deby Itno.
Les rebelles, venus du sud de la Libye, dans un communiqué de presse, ont annoncé la prise de la ville de Noko, la capitale de la région de Kanem, à la frontière du Niger après avoir repoussé une attaque menée par l’armée jeudi matin.
Ils ont affirmé avoir abattu un hélicoptère militaire qui s’apprêtait à bombarder leurs positions et des images de l’avion ont circulé sur les réseaux sociaux.
Selon les rebelles l’armée tchadienne, en situation de faiblesse, éviterait l’affrontement avec eux, se limitant à effectuer des bombardements aériens.
L’armée tchadienne a reconnu le crash d’un hélicoptère mais a nié qu’il ait été abattu par les rebelles, évoquant des ennuis techniques.
Le conseil militaire de transition tchadien avait auparavant rejeté une offre de cessez-le- feu proposée par le rebelles qualifiés d’hors la loi.
Porté à la tête du CMT au Tchad, après la mort de son père, le général Mohamed Idriss Deby Itno avait reçu différentes personnalités étrangères dont une délégation saoudienne jeudi présidée par le ministre chargé des pays africains, Ahmed Ibn Abdel Aziz Elkahtan.
Malgré un soutien international, le fils Deby fait face à une opposition interne malgré son engagement à respecter la transition de 18 mois, organiser un dialogue national inclusif, l’organisation d’élections présidentielles transparentes et le transfert du pouvoir aux civils en les associant à la période de transition.
Ces promesses n’ont pas empêché des manifestations quasi quotidiennes dans la capitale à l’appel de l’opposition et des organisations de la société civile, dont la plus récente est celle de jeudi, au cours de laquelle six personnes ont été tuées, selon l’armée.
La police tchadienne a démenti avoir recouru à la force pour disperser les manifestants, tandis que ces derniers affirment que la police a fait usage de balles réelles.
Pendant ce temps une délégation de l’union africaine est arrivée jeudi à Ndjamena pour faire la lumière de la mort du président Deby et les mesures relatives au rétablissement de la constitution.
Cette mission doit établir un rapport d’enquête sur ce qui s’est passé au Tchad.
Elle mènera des consultations avec les acteurs régionaux et internationaux comme par exemple la communauté économique des états de l’Afrique centrale (ECCAS), la commission des pays du lac Tchad (LCBC), le groupement des pays du Sahel et du Sahara (CEN-SAD), la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), le groupe du G5 Sahel et les nations unies sur les éventuelles influences de la situation au Tchad sur la région du Sahel et le lac Tchad.
Cette commission présentera un rapport au conseil de paix et de sécurité de l’union africaine vers le 8 mai 2021 afin de prendre une décision à propos de la situation au Tchad.
Pendant ce temps le conseil de sécurité de l’ONU tenait une réunion informelle destinée à examiner l’évacuation des mercenaires et des combattants étrangers de la Libye et son incidence sur la sécurité et la stabilité des pays voisins, craignant que ne se répète l’exemple du Tchad.
Le front de la concorde pour le changement au Tchad, présent en Libye depuis 2016 avait rejoint tout au début les forces de Misrata qui combattaient Daech contre les forces de Khalifa Haftar afin de s’approcher de ce dernier et d’établir un accord avec lui en 2017 en vertu duquel il s’abstenait de combattre ses troupes.
Deux ans plus tard ces forces tchadiennes (non officielles) participaient aux côtés des forces de Haftar à l’attaque contre Tripoli, la capitale libyenne.