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Tribunal de Rosso : la salle d’audience aux multiples procèsWed, 14 Feb 2018 13:40:00 +0100

Sept mois déjà que le tribunal de la ville de Rosso a condamné le sénateur Mohamed O. Gadda et voilà que son dossier revient aujourd’hui devant cette  même juridiction.

Une affaire considérée comme exceptionnelle dans sa procédure et sa forme, car c’est la première fois qu’un homme en uniforme comparaît devant une juridiction pour « atteinte à la vie privée » d’un civil.

Ce procès ne sera pas le plus surprenant dans l’histoire de la salle d’audience de la ville de Rosso, jalonnée de procès retentissants qui ont marqué l’histoire politique en Mauritanie, des procès qui ont fait de cette ville la capitale des procès.

Déjà en 1980, la salle du tribunal de Rosso, malgré son exigüité,  a accueilli des centaines de citoyens, venus assister à un procès dont la partie civile n’est autre que le pouvoir exécutif.

La salle était archicomble de soutiens aux dirigeants du mouvement El Hor, des jeunes accusés de trouble à l’ordre public et menace de la paix sociale.

Au milieu des années 90, du siècle dernier, le tribunal de Rosso est revenu au premier plan, avec le procès de l’un des fils de la ville, activiste politique,  Sidi Fall, accusé de corruption, après un différend politique qui a failli brouiller les cartes locales.
 
Après la clôture du dossier de Sidi Fall, la vie est redevenue normale dans cette ville, porte d’entrée au Sénégal, et la voie vers les autres pays africains au sud du Sahara.

De part sa position géographique, la ville de Rosso a constitué une destination pour certaines personnalités politiques du pays, dans leurs tentatives de quitter clandestinement le pays, comme cela a été le cas en 2004 quand Saleh O. Hanena, à l’époque l’un des dirigeants du mouvement des « cavaliers du changement », s’était réfugié à Rosso, pour tenter de se rendre dans un pays africain.

Vaine tentative car il sera arrêté par la police, dans un quartier de la ville.

L’affaire des « cavaliers du changement » s’est ensuite transformée en une affaire d’opinion publique, et l’un des avocats des détenus a été incarcéré dans la prison de Rosso, accusé d’outrage à la cour.

Cet avocat n’est autre que l’actuel président du parti au pouvoir, l’union pour la république, Sidi Mohamed O. Maham.

 Ces faits se déroulaient au crépuscule du pouvoir du président Maouiya O. Sid’Ahmed Taya, qu’un coup d’état déposait le 3 août 2005.

Pendant que les nouveaux maîtres du palais ocre créaient l’évènement, l’un des dirigeants du parti de la rencontre démocratique, opposant au régime du président déposé, Jemil O. Mansour était arrêté par la police de Rosso, quelques minutes après le coup d’état, à son retour d’un exil en Europe.

En 2014 le tribunal de Rosso est revenu au devant de la scène, avec un procès analogue à celui qui s’est déroulé 34 ans auparavant, c’est-à-dire celui des jeunes militants du mouvement El Hor.

Cette fois c’est un autre activiste, le président du mouvement abolitionniste, IRA, Biram O. Dah O. Abeid, qui comparaît devant la justice à Rosso.

O. Abeid venait tout juste de briguer des élections présidentielles où il était arrivé en deuxième position, avec cependant un écart de 80% avec le candidat arrivé en tête.

Il voulait traverser en direction du Sénégal, en route pour l’Europe pour vulgariser son discours relatif aux droits de l’homme.

Avant de traverser en direction du Sénégal, Biram O. Abeid avait décidé d’accueillir une caravane organisée par des militants des droits de l’homme pour dénoncer « l’esclavage foncier ».

Cette caravane n’étant pas autorisée, O. Abeid et certains de ses camarades ont été arrêtés puis jugés dans cette même salle, où plus de trois décennies auparavant, les militants du mouvement El Hor avaient comparus.
 
 
 
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