Après la rupture avec la CEDEAO, l’AES aspire à de nouveaux horizons

Près d’un an après avoir annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Niger, le Burkina Faso et le Mali, les trois pays de l’Alliance du Sahel, sont sur le point de se désengager définitivement de l’organisation régionale, le délai légal d’un an pour leur retrait ayant expiré ce mercredi.
Malgré de nombreuses médiations et la mise en place d’un délai de rétractation pour que les pays de l’alliance reviennent sur leur décision, la CEDEAO s’achemine vers une réduction de ses membres à 12 pays dès aujourd’hui, après une année de procédures conformes aux textes de l’organisation régionale, au cours de laquelle les dirigeants des trois pays ont multiplié les partenariats et les réunions de concertation pour consolider leur nouveau regroupement.
En décembre, les autorités dirigeantes du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont rejeté le délai de six mois accordé par la CEDEAO avant leur retrait définitif de l’organisation, dénonçant ce qu’elles considèrent comme « l’influence de puissances étrangères » au sein de l’alliance et les sanctions « inhumaines, illégales et illicites » qui leur ont été imposées par l’organisation régionale.
Procédure de retrait
Malgré les efforts de médiation des présidents du Sénégal et du Togo pour tenter de dissuader les trois pays de se retirer de l’organisation, les ministres des affaires étrangères des pays de l’Alliance ont publié une déclaration commune, prononcée par le ministre malien des affaires étrangères Abdoulaye Diop, dans laquelle ils ont qualifié d’« irréversible » leur décision de se retirer de l’organisation, à la veille du dernier sommet de l’organisation qui s’est tenu dans la capitale nigériane, Abuja.
Alors que le retrait des trois pays sera effectif un an après son annonce, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déjà résolu la question du retrait du Mali et proposé une réunion de séparation entre l’organisation et la République du Mali, selon une lettre envoyée le 13 janvier par le président de la Commission, Oumar Aliou Touray.
A quelques jours de la date du retrait définitif, les ministres des affaires étrangères des pays membres de l’Alliance du Sahel se sont réunis à Ouagadougou pour une séance de travail consacrée à l’élaboration d’une approche commune afin de déterminer les modalités de séparation du Mali de l’organisation régionale.
A cette occasion, les ministres des affaires étrangères des pays membres de la CEN-SAD se sont attelés à l’étude d’un document de stratégie commune pour les négociations sur la sortie des trois pays de la CEDEAO.
Entre les accords de libre circulation et de coopération économique et militaire, les trois pays du Sahel ont intensifié leurs activités de coordination et de concertation à plusieurs niveaux, parallèlement à l’achèvement des procédures de retrait, dans le but de définir les contours de leur nouvel ensemble et de jeter les bases d’un partenariat propre à leurs orientations stratégiques.
Dans ce contexte, l’Alliance du Sahel a récemment annoncé la mise en place d’un passeport commun pour les citoyens du Niger, du Burkina Faso et du Mali, à compter du 29 janvier, date de leur retrait définitif de l’organisation.
« Toutefois, les anciens passeports resteront valables jusqu’à leur date d’expiration », a déclaré le président en exercice de l’alliance, le général Assimi Guetta, en faisant référence aux passeports de la CEDEAO.
Malgré l’introduction d’un passeport unique, les autorités dirigeantes du Mali, du Burkina Faso et du Niger avaient déclaré leurs trois pays « zone sans visa pour tous les citoyens » des pays membres de la CEDEAO, une mesure qui garantirait la bonne circulation des personnes et des biens entre les trois pays.
Coopération en matière de sécurité
Face aux menaces croissantes des groupes armés opérant dans la région, les pays de l’alliance ont commencé à définir les modalités de leur coopération pour sécuriser leur espace commun.
Les trois pays envisagent de lancer une « force unifiée » de 5 000 hommes pour lutter contre les menaces terroristes, selon le ministre nigérien de la défense, le général Salifou Moudi.
Cette force unifiée sera dotée de moyens aériens, terrestres et de renseignement, ainsi que d’un système de coordination, a déclaré le ministre nigérien de la défense, le général Salifou Moudi, dans une interview accordée à la télévision publique nigérienne, expliquant qu’il s’agit d’une « question de semaines » avant que la force ne devienne opérationnelle.
Avec le retrait des trois pays du Sahel de la CEDEAO, la région ouest-africaine, qui fait face à de nombreux défis multidimensionnels, assiste à une nette recomposition du paysage géopolitique de la région.
Cette rupture entre la CEDEAO et le Sahel ouvre la voie à de nouvelles formations, d’autant plus que le Togo, membre de l’organisation ouest-africaine, n’a pas exclu, selon une source officielle, la possibilité de suivre les traces du Niger, du Burkina Faso et du Mali en rejoignant l’Alliance du Sahel.




