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Mauritanie : le calvaire des autochtones du village d’Indghamsha

 

N’Beyriktane, une octogénaire a passé la plus grande partie de sa vie dans le village d’Indghamsha .

C’est dans ce village de plage que cette femme a développé un lien affectif avec sa petite bourgade, troublée aujourd’hui par la décision des autorités de la relocaliser, elle et son voisinage, de démolir leur village.

Le visage triste et la voix rauque, cette femme a peur d’être boutée vers l’inconnu quand avait entendu un vacarme dans son quartier, elle est sortie avec appréhension et d’un pas hésitant, car elle s’attendait à ce que les autorités arrivent à tout moment avec des engins de démolition, ce n’était pas encore le cas mais ce n’était que partie remise.

Le brouhaha en question était celui d’une équipe de presse en train de filmer dans le cadre d’un reportage sur l’opération de démolition de ce village pris d’assaut ces derniers mois par des Nouakchottois souvent nantis à la recherche de l’espace et du plein air.

Elle a continué à affirmer, le regard perplexe et le visage largement marqué par le temps que « leur attachement à cette terre n’est pas seulement dû à l’amour de la propriété, mais parce qu’ils n’ont connu autre lieu que celui-là.

N’Beyriktane estime que ses douleurs physiques et sa vieillesse, ne sont rien comparées à ce que sera son destin si les autorités mettaient à exécution la décision de démolir le village.

Les craintes de la vieille femme découlent de la décision du ministère de l’Habitat de démolir le village, situé à une trentaine de kilomètres de Nouakchott, près du nouvel aéroport, pour des raisons de sécurité, selon le ministère, décision que les autorités ont commencé à appliquer il y a deux jours.

Les villageois s’accrochent au village qui, selon eux, possède « des d’anciens repères, tels que son antique mosquée, délabrée et abandonnée, son cimetière, dont certaines tombes ont disparues, et le puits auquel les villageois avaient l’habitude de s’abreuver ».

Jusqu’à récemment, certains villageois vivaient de la pêche, l’océan Atlantique n’étant qu’à quatre kilomètres, tandis que d’autres, en raison de leur nature nomade, faisaient du pâturage dans la région, mais aujourd’hui, les maisons des villageois sont dispersées au hasard des deux côtés de la route entre Nouadhibou et la capitale Nouakchott.

« Nous sommes ici depuis des années, nos pères et nos ancêtres sont enterrés ici, nous vivions sous des tentes, puis nous avons construit ces maisons, et tout à coup, un groupe est venu nous voir pour nous inviter à partir, sans nous donner d’endroit où aller, pourquoi nous dépossèdent-ils de nos maisons sans compensation ?

Alors que les autorités considèrent que l’emplacement du village est sensible sur le plan de la sécurité, les habitants d’Indghamish estiment qu’ils ne constituent pas une menace pour la sécurité de la région.

Mamouni Mokhtar, un journaliste vivant dans le village, a raconté à Sahara Media l’histoire du village : « Ce village existe depuis quarante ans, et il n’y a rien qui menace la sécurité, et s’il s’agit de la proximité de l’aéroport, Indghamish n’est pas le village le plus proche de l’aéroport.

À quelques pas du village, un panneau indique « Cimetière d’Indghamche », qui date du XVIIe siècle, selon Mamouni.

Selon l’ancien parlementaire Cheikh Ould Ahmedou, le cimetière « prouve la présence de ce village depuis des siècles à cet endroit et justifie ainsi la propriété de la terre par les habitants ».

La décision du gouvernement

Le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’aménagement du Territoire a procédé jeudi à la démolition de ce qu’il a qualifié squats illégaux du domaine public au nord de l’aéroport d’Oum El Tounsi, plus précisément dans le village d’Indghamsha.

Le ministère a déclaré dans un communiqué qu’il appelait tout le monde à se conformer à la décision, dont la mise en œuvre revêt un intérêt particulier pour les plus hautes autorités, et que les contrevenants seraient soumis à des sanctions sévères, selon le communiqué.

Le ministère a déclaré qu’il avait remarqué que certains citoyens dans cette zone effectuaient des travaux qui relèvent principalement de la responsabilité de l’État, tels que les opérations de récupération et la définition des points de repère.

Le ministère a ajouté qu’il avait directement informé ces citoyens de cesser de construire ou d’exploiter des terrains publics et d’emporter leurs biens afin qu’ils ne soient pas endommagés, et que les autorités compétentes procédaient à l’exécution de la décision d’expulsion.

À Indghamish, la majorité des habitants sont confus et inquiets, car ils ne savent pas de quoi sera fait demain.

 

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