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Mauritanie : les failles autour du troisième cas du coronavirus

Le troisième cas du coronavirus en Mauritanie a été enregistré ce jeudi, un cas entouré de certains points d’interrogation que Sahara Medias a voulu éclairer, en approchant certains spécialistes de la santé publique.

La première erreur, selon ces spécialistes est l’inobservation du malade des consignes sanitaires arrêtées par les pouvoirs publics, pour avoir ignoré d’appeler le numéro vert « 1155 » pour faire état des symptômes ressentis afin que les équipes spécialisées puissent prendre les dispositions pratiques.

La seconde erreur est que le patient, quand sa situation s’est aggravée et qu’il s’est rendu dans des cliniques privées, a caché au corps médical sa provenance, c’est-à-dire la France, ce qui a empêché celui-ci de faire le rapprochement, et donc suspecté son cas.

Troisième erreur l’absence d’un canal de connexion entre le directeur régional de la santé et les cliniques privées, à l’image de ce qui existe avec les hôpitaux et les centres de santé publique.

Un constat confirmé par les propos relayés d’un spécialiste des maladies thoraciques qui avait consulté le malade.

Celui-ci a affirmé qu’il ignorait à qui il fallait s’adresser et a recouru à certains canaux particuliers et des relations personnelles pour joindre les autorités.

Il s’agit ici d’importantes failles dans le plan élaboré par les autorités destiné à faire face à la pandémie, car les cas qui pourraient éventuellement apparaître dans les prochains jours seront à majorité d’origine européenne.

Cela signifie qu’il s’agit dans ces cas d’une catégorie de citoyens qui se rend traditionnellement dans les cliniques privées et que par conséquent il est inconcevable qu’il n’y ait pas un canal de communication entre ces cliniques et les autorités médicales publiques.

Même le spécialiste, qui a eu à examiner le malade, a dû recourir au numéro vert (1155) réservé aux malades plutôt que les autres personnes.

Un comportement compréhensible en l’absence d’une connexion directe avec les autorités médicales, compréhensible aussi la confusion qui a prévalu parmi les responsables du centre de communication en recevant un appel d’un médecin.

Quatrième erreur l’absence de prévoyance chez les membres de l’équipe médicale ayant examiné le malade et procédé au prélèvement qui n’avaient pas de tenues de protection.

Une information confirmée par le spécialiste qui a examiné le malade mais aussi par d’autres sources, une erreur qui traduit le trouble qui s’en est suivi.

Les spécialistes interrogés par Sahara Medias évoquent par ailleurs l’heure d’arrivée du patient, 4 heures du matin, l’une des heures les plus difficiles pour la consultation, surtout quand il s’agit de mobiliser des équipes pour des examens d’urgence et que le système médical à pareille heure soit «endolori ».

Seulement les spécialistes ont souligné la nécessité de créer un centre d’intervention rapide opérationnel 24 heures sur 24 en même temps que le centre d’appel 1155, plus prompt pendant les heures creuses où des cas négligés peuvent provoquer une catastrophe.

L’absence de ce centre ou le fait de ne pas prévoir son fonctionnement à plein temps, serait, selon les spécialistes la cinquième faille.

La sixième erreur, vieille déjà de 10 jours et dont les conséquences viennent d’apparaître, c’est de ne pas avoir soumis au confinement les voyageurs en provenance des pays européens les 15 et 16 mars et en se limitant à leur demander de s’auto confiner volontairement.

Une expérience ratée à travers le monde à quelques rares exceptions à Nouakchott et dans d’autres villes du pays.

Points lumineux

Nous avons évoqué les différentes erreurs commises, s’agissant de ce troisième cas du coronavirus confirmé dans le pays, une situation qui a permis cependant de recenser des points positifs qui doivent être soulignés.

Parmi ceux-ci la transparence avec laquelle le ministère de la santé a traité la question, annonçant immédiatement et officiellement le nouveau cas par la voix du premier responsable du département.

Autre point positif évoqué par les spécialistes la promptitude avec laquelle le médecin et le spécialiste dans la clinique privée ont réagi, en isolant le malade et en essayant de joindre les autorités au risque de porter préjudice à la clinique et à ses intérêts, car souvent, en pareil cas, on n’exclue pas souvent le calcul commercial.

Les spécialistes considèrent également que la réaction officielle a été rapide même si elle avait été affectée par l’absence d’un canal de communication direct entre la clinique et les autorités.

Dès que les autorités ont été informées des dispositions rapides ont été prises, avec la présence d’une équipe spécialisée malgré l’absence des critères de prévoyance consécutive au trouble qui a prévalu et celle du ministre de la santé sur place dès la fin des examens qui ont confirmé la positivité du cas.

L’enquête menée par Sahara Medias a confirmé la rapidité des mesures prises par les autorités sanitaires et sécuritaires qui se sont immédiatement rendus auprès de la famille du malade, en plus d’un mouvement parallèle au niveau de Sélibaby pour recueillir, auprès de ses proches toutes les données sur ses déplacements au cours des derniers jours.

L’enquête menée par les autorités ont confirmé que le patient ne s’est pas rendu à Sélibaby ni dans une localité proche de la capitale régionale, une information confirmée à la fois par ses proches et les autorités régionales du Guidimakha.

Les autorités régionales du Guidimakha, dès qu’elles ont été informées de l’identité du malade, ont entrepris des dispositions extrêmes pour s’assurer que celui-ci ne s’est pas rendu dans la wilaya et qu’il n’avait eu aucun contact avec ses proches y résidant.

Selon les spécialistes ce troisième cas diffère des deux précédents constatés sur des étrangers résidents dans le pays, alors que le troisième concerne un citoyen mauritanien vivant à l’étranger d’où le processus qui a prévalu quant à sa révélation.

Le premier patient s’est confiné volontairement avant les symptômes de la maladie, dès qu’il avait appris qu’il avait été en contact avec une personne affectée en France.

Dès les premiers signes il avait appelé le numéro vert (1155) et l’intervention des autorités a été rapide et efficace à tous les niveaux ce qui a empêché toute contamination et qui a permis au malade d’être aujourd’hui en voie de guérison.

La deuxième personne qui travaille pour une famille étrangère s’est elle aussi volontairement confiné car venant d’un pays infecté et dès l’apparition des premiers signes l’employeur de cette personne a immédiatement appelé le numéro vert et les mesures nécessaires ont tout de suite été prises pour la malade et la famille de son employeur mise en quarantaine.

Tous ces indicateurs étaient absents s’agissant du troisième cas, un mauritanien de 74 ans en provenance d’un pays infecté, qui s’est refusé à contacter le numéro vert alors que les symptômes de la maladie étaient apparus chez lui depuis une semaine.

Il a choisi de se rendre, à une heure tardive, dans une clinique privée de la place, fort heureusement presque vide à son arrivée.

Telles sont les différences relevées par les spécialistes rencontrés par Sahara Medias qui évoquent une question de temps et un degré d’éveil qui ont prévalu et qui ont été à l’origine de certaines erreurs qui peuvent être corrigées dans l’avenir.

Seulement l’un de ces spécialistes s’inquiète à propos des folles rumeurs qui se sont propagées à l’annonce du troisième cas découvert dans le pays.

Ce spécialiste qui a souhaité garder l’anonymat s’est déclaré surpris par la diffusion par certains médecins de vidéos à grande échelle contenant des informations erronées et d’autres contradictoires, considérant que tout propos d’un médecin influe sur la psychologie du citoyen, d’où la nécessité pour les médecins d’être prudents sur ce qu’ils publient.

Ces spécialistes estiment enfin que tous les plans élaborés par le gouvernement, même exemptes de lacunes et d’insuffisances ne seront utiles que si les citoyens acceptent de se conformer aux consignes médicales de prévention contre la maladie et de porter à la connaissance des services médicaux spécialisés tout cas suspect pour éviter la contamination.

 

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