Sahel

Sahel : l’embuscade du mercredi est un sérieux avertissementTue, 10 Oct 2017 00:26:00 +0200

L’embuscade tendue mercredi dernier par des groupes armés à des forces nigériennes et américaines à la frontière malienne et au cours de laquelle 4 soldats américains et 4 soldats nigériens ont été tués, présage d’importantes difficultés pour la lutte contre ces groupes malgré le renforcement de la présence armée des 5 pays du Sahel dans cette région.

Le ministère nigérien de la défense a annoncé que la patrouille américano-nigérienne était tombée dans une embuscade savamment préparée par les terroristes, qui ont utilisé une dizaine de véhicules et une vingtaine de motocyclettes, dans une région au sud ouest du Niger près de la frontière malienne.

Cette opération fait partie des multiples attaques commises par ces groupes contre les forces nigériennes mais aussi burkinabaises et maliennes.

Inquiets, les européens, ont déployé, depuis quelques années, des forces dans la région, et particulièrement la France avec 3000 hommes.

Les américains, plus discrets, sont présents dans une base à Agadès, au nord du Niger, avec des encadreurs mais aussi des forces spéciales estimées par certaines sources locales à des centaines.
Les soldats français et américains entreprennent des opérations et forment par ailleurs les soldats des pays de la région afin d’améliorer leurs compétences.

Autre force présente sur place celle des nations unies avec près de 10.000 hommes.

Seulement les européens sont conscients de leur incapacité à faire face seuls aux groupes armés sans les armées des pays du Sahel, et ce n’est pas une coïncidence que le président français, Emmanuel Macron, se rende personnellement à Bamako, à l’occasion du lancement de la force commune des 5 pays du Sahel en juillet dernier.

Cette force doit compter, dans un premier temps, 5000 hommes répartis entre les 5 pays concernés : la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.

Dans une récente déclaration, le chef de l’état malien, Ibrahim Boubacar Keita, a affirmé que la force commune du Sahel prouvera son efficacité dans un proche avenir, car a-t-il dit « nous nous sommes rendus compte que notre défense et notre sécurité sont des exigences et des devoirs qui nous incombent nous-mêmes ».

Le ministre français des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, avait déclaré cette semaine qu’il était convaincu que « la constitution de la force commune au Sahel était la réponse appropriée aux questions sécuritaires ».

Une source sécuritaire occidentale qui a souhaité garder l’anonymat, a battu en brèche cette affirmation, précisant qu’à l’exception de quelques unités, les soldats de ces pays sont encore incapables de lancer des attaques contre les groupes armés.

Cette source a ajouté, qu’à l’exception du Tchad, le mieux que ces pays peuvent faire, c’est déployer des militaires pour sécuriser les bases et les centres et pas davantage.

Ce serait mieux que rien, ajoute la source, car cela va permettre de libérer certaines unités qui participeront aux attaques planifiées contre les groupes armés.

Le second obstacle est celui du financement.

En septembre dernier le président nigérien Mouhamedou Issoufou avait appelé la communauté internationale à se mobiliser pour aider la force commune des pays du Sahel en lui offrant les moyens nécessaires à achever sa mission, eu égard à la faiblesse des moyens des pays concernés.

Par ailleurs, Lassana Diarra, l’auteur du livre « les pays de la CEDEAO face au terrorisme transfrontalier » écrivait que le discours politique existe mais ce qui est demandé une volonté réelle de coopération effective.

Diarra révèle un manque de confiance entre certains pays, citant pour l’exemple les relations suspectes qu’entretenait l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré avec les groupes islamistes extrémistes qui avait protégé son pays jusqu’ à sa chute, ce qui cultive la méfiance chez le voisin malien.

Autre importante brèche dans la lutte contre les groupes terroristes, celle du renseignement.
Malgré l’utilisation de l’aviation et la surveillance électronique, le renseignement humain reste primordial selon l’auteur du livre. 

Diarra ajoute par ailleurs que les forces occidentales sont toujours considérées comme des forces d’occupation venues s’accaparer les richesses minières des pays et protéger leurs intérêts.

La source militaire occidentale est allée dans le même sens, révélant que les soldats au Mali, au Niger et au Burkina Faso sont en majorité originaires de différentes tribus du nord, différentes de celles du sud et ne souhaitent pas s’aventurer dans des zones qu’ils ignorent, d’autant que les populations locales témoignent à leur endroit méfiance et même hostilité.

Dans les zones pauvres généralement délaissée par le pouvoir central, le message des groupes armés passe bien et recueille des échos favorables.

Les groupes armés disposent également de grandes capacités en matière de renseignements  humains très efficaces, et la récente embuscade en est une preuve éloquente.
 
 
     


 

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