Sénégal : nouvelle loi antiterrorisme face à d’éventuelles cellules dormantes
La dégradation de la situation sécuritaire dans deux pays ouest africains, le Mali et le Burkina Faso, inquiète de plus en plus mes pays de la région, notamment le Sénégal voisin du Mali qui est resté longtemps à l’abri d’activités djihadistes.
Mais depuis quelque temps les tambours de la guerre se font entendre dans ce pays africain jusqu’ici calme et pacifique qui commence à se préparer pour le pire scénario.
Le gouvernement sénégalais avait présenté vendredi dernier un projet de loi à l’assemblée nationale (parlement), introduisant certaines modifications de la loi relative aux sanctions, notamment celles relatives à la lutte contre le financement du terrorisme et la piraterie.
Seulement le nouveau projet de loi est déjà à l’origine de grandes controverses, certains députés estimant que les craintes relatives au terrorisme sont exagérées.
Alors que le nouveau projet de loi était discuté à l’assemblée nationale, des sénégalais qui manifestaient devant le parlement, se sont heurtés aux forces de sécurité, alors qu’ont eu lieu par ailleurs des heurts à l’université Cheikh Anta Diop.
Les manifestants protestaient contre ce qu’ils considèrent « des restrictions de liberté sous prétexte de lutter contre le terrorisme », un point de vue partagé par les députés opposés à la nouvelle loi, qui « fait l’amalgame entre la pratique de droits constitutionnels et le terrorisme ».
Cellules dormantes
L’ancien ministre sénégalais des affaires étrangères et député actuel, Cheikh Tijani Gadio, dans une intervention houleuse devant les députés a refusé de considérer « le terrorisme au Sénégal comme une hypothèse » réaffirmant qu’il s’agit plutôt d’un fait qui doit être traité rapidement.
L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise s’est référé aux propos de son ancien homologue français Jean Christophe Castaner quand il avait déclaré « méfiez-vous le Sénégal n’est pas à l’abri du terrorisme car les terroristes ont simplement décidé de rester inactif dans le pays. »
Gadio a affirmé que les cellules dormantes existent au Sénégal justifiant ses propos par le fait que les terroristes (Al Qaida et Daech) ont besoin de façades maritimes et par conséquent leurs choix sont le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire.
Il a affirmé que les jeunes sénégalais sont présents au sein d’Al Qaida, ajoutant que le défunt homme politique malien Soumaïla Cissé lui avait affirmé que parmi ses gardiens, pendant sa détention lors de son enlèvement, il y avait des jeunes qui parlaient le wolof et le poular qui se sont avérés par la suite d’origine sénégalaise.
Dans le même ordre d’idées, Cheikh Tijani Gadio a révélé que des jeunes sénégalais se trouvant en Libye avaient déclaré qu’une fois de retour au pays ils commenceront par détruire le sanctuaire du Cheikh Ahmedou Bamba et celui de l’Imam Laye qu’ils considèrent « contraires à l’Islam ».
Mesures urgentes
Le projet de loi et ses modifications présentés au parlement l’a été dans l’urgence et a été approuvé après des débats houleux, ayant été défendu par le gouvernement par la voix du ministre sénégalais de la justice Malick Sall qui révèle qu’il prévoit la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent qui n’étaient pas prévus dans l’ancienne loi.
Selon le ministre sénégalais la nouvelle loi prévoit des modifications afin de l’adapter aux conventions internationales et aux protocoles onusiens notamment la convention des nations unies relative aux droits de la mer de 1982 et la convention internationale pour la lutte contre le financement du terrorisme et la convention des nations unies pour la lutte contre le crime transfrontalier de 2000.
Le ministre a encore dit que la loi a été présentée au parlement sous le sceau de l’urgence afin d’éviter au Sénégal d’être inscrit dans la zone rouge en ce qui concerne les investissements et les financements extérieurs ;
« Il est du devoir du gouvernement, a ajouté le ministre sénégalais de la justice, de veiller à ce que le pays soit crédible sur la scène internationale et lui éviter d’être accusé de connivence avec le terrorisme international. »
Le ministre a souligné que l’article 279 du code pénal, qui définit le terrorisme et tous ses éléments connexes, « ne concerne pas les amendements proposés, contrairement à ce qui a été annoncé par certains opposants à la loi », ceux-ci faisant croire à un amalgame entre l’exercice des droits et le terrorisme.
Pour le ministre de la Justice « cette loi est seulement destinée à lutter efficacement contre le terrorisme sous toutes ses formes.
En vertu d’une autre loi, ratifiée par le parlement sénégalais, il a été créé une « Autorité de gestion et de recouvrement des avoirs criminels » pour combler une autre lacune dans la loi sénégalaise, qui s’organise et s’immunise face à toutes les éventualités.