

Déposé la semaine dernière par un coup d’état militaire, l’ancien président soudanais Oumar El Béchir a été transféré dans une prison à Khartoum, selon des sources familiales qui ont souhaité garder l’anonymat pour des raisons sécuritaires.
Pendant ce temps les médecins sont sortis dans la rue pour se joindre aux manifestants devant le siège de l’état-major de l’armée.
Des témoins ont fait état d’un déploiement important de militaires et de membres des forces d’intervention rapide aux abords de la prison où avait été transféré l’ancien président.
Celui-ci est réclamé par Amnesty International qui voudrait qu’il soit remis à la cour pénale internationale pour être jugé, accusé qu’il est de génocide et de crimes contre l’humanité au Darfour et dans l’ouest du pays.
L’arrestation d’Oumar El Béchir n’a pas satisfait les manifestants hostiles au gouvernement toujours mobilisés devant le siège de l’état-major de l’armée depuis le 6 avril.
Des dizaines de médecins en blouses blanches sont sortis de l’hôpital principal de Khartoum pour se joindre aux manifestants, scandant des slogans réclamant la liberté, la paix et la justice.
Les journalistes, pour leur part ont également organisé une marche parallèle demandant la liberté de la presse et la désignation à la tête des médias officiels de journalistes indépendants et professionnels.
Les militaires ont fait des concessions aux manifestants dont notamment le limogeage du procureur général Amr Ahmed Mohamed, une concession jugée insuffisante par les manifestants qui craignent que « leur mouvement ne leur soit volé. »
Selon des responsables 65 personnes ont été tuées lors des manifestations depuis le mois de décembre.
En prenant le pouvoir jeudi le conseil militaire avait annoncé l’instauration d’un régime militaire pour une durée de deux ans, une décision immédiatement critiquée par le mouvement de contestation.
Une journée plus tard le ministre de la défense le général Awad Ben Aouf a été contraint à la démission de la présidence du conseil, un fait salué dans les rues de Khartoum.
Le nouveau président du conseil le général Abdel Fetah Al Bourhane avait entamé des discussions avec les partis politiques à la fin de la semaine dernière, des négociations qui ont été stériles.
Le conseil militaire a décrété un cessez-le feu sur toute l’étendue du territoire national, un cessez-le feu rejeté par l’armée de libération du Soudan, le plus important mouvement armé rebelle au Darfour qui rejette ce qu’il a appelé « le coup d’état du palais ».
Mercredi le chef du mouvement rebelle au Soudan a annoncé la suspension des combats jusqu’à la fin du mois de juillet dans les deux régions du Nil bleu et le sud Kordofan où il fait face aux forces gouvernementales.
Dans le communiqué qu’il a publié le chef du mouvement populaire pour la libération du Soudan-nord, Abdel Aziz El Halou a déclaré que cette décision est un signe de bonne volonté destinée à donner une occasion pour le transfert du pouvoir aux civils.
Le conseil militaire a dépêché un émissaire au siège de l’union africaine à Addis Abéba qui a menacé de suspendre la participation du Soudan si le pouvoir n’était pas remis aux civils.
L’union africaine qui compte 55 pays a donné au conseil militaire un délai de 15 jours pour remettre le pouvoir aux civils, alors que les nations unies avaient désigné un nouvel émissaire chargé de travailler avec l’union africaine afin de trouver une solution à la crise soudanaise.